Daesh: Les femmes kurdes, icônes de la lutte armée en Irak et en Syrie
MOYEN-ORIENT Les combattantes kurdes participent actuellement aux combats contre les djihadistes dans la ville de Kobané...
Dans la guerre contre Daesh, elles sont devenues une puissante arme de communication. Combattant en Irak et en Syrie, les femmes kurdes sont érigées sur les réseaux sociaux en icônes de la lutte contre les djihadistes, comme un défi à des hommes ne reconnaissant aucun droit au sexe opposé. En treillis ou en jeans, casquette sur la tête ou cheveux lâchés, kalachnikov à la main, elles participent actuellement à la résistance dans la ville de Kobané, le dernier bastion kurde dans le nord de la Syrie.
Brave Kurdish women fighters are defending their country against foreign/western funded terrorist network #ISIS pic.twitter.com/atIbxMx6WP
— خادم درانى (@KhadimDurrani) 8 Octobre 2014
L’engagement militaire des femmes kurdes n’est pas nouveau. Après l’enrôlement de quelques femmes chez les Peshmergas en Irak dès les années 60, la féminisation des rangs des indépendantistes s’est accentuée dans les années 80 et 90. En 1995, en Turquie, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a même donné naissance à un corps d’armée entièrement féminin. «Les femmes kurdes ont toujours eu un rôle important à jouer dans la cellule familiale et les structures sociales, explique-t-on au sein de la représentation du gouvernement régional du Kurdistan-Irak en France. C'est donc tout naturellement qu'elles ont rejoint le mouvement national de libération.» L’avancée de Daesh en Irak et en Syrie n’a fait qu’accélérer le phénomène, poussant notamment de jeunes Kurdes à délaisser leurs études.
Les femmes, ces excellents snipers
Leur nombre est aujourd’hui difficile à évaluer. En Syrie, les combattantes formeraient «la moitié» du contingent des YPG, les Unités de protection populaire kurdes affiliées au PKK qui luttent contre Daesh (environ 40.000 soldats), selon Sandrine Alexie, de l’Institut kurde de France. En Irak, le flou est plus important encore, même si elle évoque le chiffre de «quelques milliers».
Partout, «elles exécutent en tout cas les mêmes tâches que les hommes», assure la représentation française du gouvernement du Kurdistan-Irak. «Les combats qui ont lieu sont de l’ordre de la guérilla, ils ne nécessitent pas une force physique particulière, précise Sandrine Alexie. Les femmes remplissent donc les mêmes missions que les hommes; elles ont même la réputation de faire de meilleurs snipers parce qu’elles seraient plus patientes.» Seuls les Peshmergas en Irak rechigneraient encore à envoyer des femmes au front, de peur qu’elles soient capturées. Une situation qui évolue sous la pression des combattantes, assure Sandrine Alexie.
Les femmes et les portes du paradis
Leurs motivations sont bien identifiées. Tous les reporters qui ont mis les pieds en Irak et en Syrie évoquent un mélange de nationalisme –avec pour objectif ultime la création d’un Etat kurde- et de féminisme face à un ennemi qui cherche à asservir la femme. «Notre combat contre [Daesh] vise à défendre les femmes de cette emprise et de ce mode de pensée», explique ainsi une combattante kurde à l’AFP.
Pour y arriver, ces femmes soldats comptent en partie sur leur ascendant psychologique aux dépens des djihadistes. Elles en sont convaincues: les hommes de Daesh sont terrifiés à l’idée d’être tués par une femme, dont les balles leur fermeraient les portes du paradis. Fondée ou non, cette croyance semble donner de la force aux combattantes kurdes. Symbole de leur courage tout autant que de l’infériorité des YPG face à l’ennemi djihadiste, une kamikaze kurde s’est fait exploser dimanche près de Kobané au milieu de membres du groupe de l’Etat islamique, tuant plusieurs dizaines d’entre eux.