Virus Ebola: «Il est peu probable que la maladie arrive jusqu’en Europe»
DÉCRYPTAGE La responsable adjointe du Centre National de Référence des Fièvres Hémorragiques Virales, Delphine Pannetier, explique à «20 Minutes» pourquoi le risque que le virus se propage jusqu’en France est très limité...
C’est l’épidémie la plus importante du virus Ebola, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a comptabilisé 759 cas de fièvre hémorragique, dont 467 se sont soldés par un décès. Pour l’heure, seuls trois pays d’Afrique de l’Ouest -la Guinée, où les premiers cas sont apparus en janvier, la Sierra Leone et le Liberia- sont affectés. Mais l’OMS craint que cette épidémie mortelle et hautement contagieuse ne se propage à d’autres zones.
«L’OMS est vivement préoccupée par la transmission en cours de l’épidémie aux pays voisins, ainsi que par le potentiel de propagation internationale», a déclaré le Dr Luis Sambo, directeur régional de l’OMS pour l’Afrique. Une réunion internationale de crise a lieu ce mercredi et jeudi à Accra (Ghana), où les ministres de la Santé de onze pays d’Afrique de l’Ouest et des experts internationaux doivent examiner la mise en place d’un «plan radical» de riposte.
Visibilité des symptômes
Mais, «même si la propagation à d’autres pays ne peut être totalement exclue, il est peu probable que la maladie arrive jusqu’en Europe», relativise Delphine Pannetier, responsable adjointe du Centre National de Référence (CNR) des Fièvres Hémorragiques Virales, qui travaille au laboratoire Inserm P4 Jean-Mérieux à Lyon. «L’épicentre de l’épidémie se situe dans une région forestière proche de la triple frontière reculée, où les populations voyagent beaucoup localement, mais pas vraiment à l’international», explique-t-elle à 20 Minutes.
Selon la spécialiste, le risque qu’un malade arrive sur le territoire français est très limité. «Dès que les personnes infectées déclarent la maladie et deviennent contagieuses, les symptômes sont importants -fièvre, faiblesse intense, diarrhées,…- et les patients alités.» De plus, la visibilité de ces symptômes rend plus fiables les mesures sanitaires prises au départ des pays touchés par l’épidémie -comme à l’aéroport de Conakry où des équipes médicales interrogent les passagers qui souhaitent quitter la Guinée sur d’éventuels symptômes pour s’assurer qu’ils ne sont pas porteurs du virus.
Vigilance
«Ebola fait peur à tout le monde, mais il faut garder à l’esprit qu’il ne se transmet pas par l’air, comme la grippe par exemple, ajoute Delphine Pannetier, mais uniquement par contact extrêmement rapproché.» Le virus, pour lequel aucun vaccin homologué n’existe, se transmet par contact direct avec le sang, les fluides biologiques ou les tissus de personnes ou d’animaux infectés. «Etre assis à côté de quelqu’un de malade dans un avion ne suffit pas», martèle la spécialiste, qui rappelle que la vigilance est de mise sur le territoire français depuis le début de l’épidémie.
En avril, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, avait ainsi indiqué que «des procédures d’alerte et d’information aux professionnels de santé» avaient été mises en place. «Nous avons alerté les médecins pour que face à certains symptômes, ils puissent penser à cette maladie pour que des soins soient apportés le plus rapidement possible», avait-elle expliqué. Les services de santé des aéroports ont des procédures pour prendre en charge un malade signalé sur un vol (mesures d’isolement, soins…), et des messages d’alerte ont aussi été communiqués aux hôpitaux pour qu’ils sachent comment agir pour limiter la propagation de la maladie si quelqu’un de malade est signalé sur le sol français. Ce qui n’est pas encore arrivé.