Sushis, courbettes, première dame: La tournée asiatique de Barack Obama observée à la loupe
JAPON La visite du président américain en Asie, dans un contexte régional très tendu, est scrutée dans ses moindres détails...
L’avion Air Force One s’est posé mercredi soir à Tokyo, sonnant le départ d’une tournée asiatique compliquée pour Barack Obama. La visite du président américain, qui doit ensuite se rendre en Corée du Sud, en Malaisie et aux Philippines, intervient alors que les tensions sont vives dans la région, agitée par des conflits territoriaux et historiques.
Barack Obama devra notamment rassurer ses alliés asiatiques sur l’engagement des Etats-Unis sans froisser la Chine, où il s’est rendu le mois dernier, et renforcer sa relation vitale avec le Japon tout en tenant compte de l’irritation de Pékin et de la Corée du Sud. Pour ce numéro d’équilibre, chaque détail est donc minutieusement scruté.
Sushis souterrains et sous tension
Pendant son étape japonaise, Barack Obama doit évoquer avec le premier ministre japonais, Shinzo Abe, des sujets délicats comme l’Accord de partenariat trans-pacifique (TPP), un accord de libre-échange, et les tensions régionales. Pour briser la glace, le Premier ministre a commencé par emmener son hôte chez Sukiyabashi Jiro, un très célèbre restaurant de sushis en sous-sol d’un immeuble du centre de Tokyo. Barack Obama, qui en sortant de l’échoppe a régalé les journalistes d’un «That’s some good sushi right there» («Les sushis sont très bons ici») aurait confié à Shinzo Abe n’en avoir jamais mangé d’aussi bons.
Selon un employé d’un restaurant voisin, cité par les médias japonais, les deux dirigeants ont cependant commencé à discuter «âprement» à peine assis, dans une ambiance «tendue». Selon la même source, Barack Obama n’aurait mangé que la moitié de ses sushis.
Courbette à la réglette
Jeudi matin, Barack Obama a été reçu par l’empereur et l’impératrice Michiko. Au cours d’un échange d’amabilités, le président américain a souligné que lors de leur dernière rencontre il n’avait pas les cheveux gris. «Vous avez un travail très dur», a répondu courtoisement l’Empereur. Les deux hommes s’étaient en effet rencontrés lors de la précédente visite de Barack Obama en 2009, qui avait été vivement critiquée aux Etats-Unis pour s’être fendu d’une courbette à 90 degrés devant l’empereur Akihito. Les conservateurs américains s’étaient indignés d’un geste «déplacé» et humiliant. Cette année Barack Obama a donc joué la sécurité et préféré s‘incliner de quelques degrés seulement en serrant la main de l’empereur.
Sans Michelle Obama
Pour cette première visite d’Etat d’un président américain depuis 18 ans, une absence est très remarquée: celle de la première dame américaine.
«Cela aurait été mieux que Michelle Obama vienne, analyse Matake Kamiya, professeur de relations internationales à l’Académie nationale de Défense de Yokosuka, près de Tokyo. Mais le plus important est que le président Obama ait accepté de faire une visite d’état.» Il concède toutefois que «du point de vue d’un expert, la non-venue de Mme Obama est préoccupante». La dernière épouse de président américain à ne pas avoir accompagné son mari pour une visite d’état au Japon était Betty Ford, en 1974.
Au-delà de l’anecdotique remarque d’antichambre d’un député nippon sur le mariage des Obama, le fait intrigue au Japon, où au moment de la visite de François Hollande en juin dernier, les médias avaient longuement commenté le statut de Valérie Trierweiler, la «first lady non mariée». D’autant plus que le mois dernier, Michelle Obama était en Chine avec son mari, où elle s’est fait photographier avec sa mère et ses deux filles sur la Grande muraille ou en train de nourrir des pandas. Dans le contexte des relations tendues avec la Chine, les commentateurs politiques japonais y voient un signe de la place réduite accordée au Japon par le président.
Le gouvernement japonais, pragmatique, préfère attribuer l’absence de la première dame à un «nouveau style américain» de voyage. En effet, Michelle Obama se déplace relativement peu à l’étranger, moins en tout cas que la précédente première dame, Laura Bush. La porte-parole de Michelle Obama précise que la première dame s’organise avant tout en fonction de sa famille.