Quand le GSPC appelle à «s'en prendre aux Français», c'est «plus politique que terroriste»

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Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), allié du réseau terroriste Al-Qaïda, a appelé les Algériens à s'en prendre aux Français, dans un message mis en ligne mardi.
Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), allié du réseau terroriste Al-Qaïda, a appelé les Algériens à s'en prendre aux Français, dans un message mis en ligne mardi. — AFP/Archives

Trois questions à Guillaume Dasquié, éditeur du site www.geopolitique.com et journaliste spécialisé dans le terrorisme islamique


Le Groupe salafiste pour la prédication et le  combat (GSPC) a appelé les Algériens à s’en prendre aux Français. L’appel mis en  ligne mardi est signé d’un certain Abou Moussaab Abdel Ouadoud, alias Abdelmalek  Droukdal. Qui est cet homme ?


Il existe en réalité deux GSPC. Le «  premier » a été créé par Hassan Hattab en 1997 et a prêté allégeance à Al-Qaïda  en 1998. A cette époque, Hattab voulait rejoindre le « Front islamique contre  les juifs et les croisés » qu’avait mis en place Oussama Ben Laden et qui se  voulait la plate-forme politique des mouvements islamistes à travers le monde.  Hassan Hattab a disparu fin 2003-début 2004 avant de ressurgir de nulle part  dans le maquis algérien en août 2006. Il annonce alors être en faveur de la  politique de réconciliation du président algérien Abdelaziz Bouteflika qui  prévoit d’amnistier les chefs islamistes et de les intégrer au jeu politique à  condition que ceux-ci déposent les armes. C’est cette annonce stupéfiante qui  explique la vidéo du numéro deux d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri  , qui a appelé en septembre 2006 le GSPC à « devenir une épine dans la gorge des  Français ». Cet enregistrement s’adresse alors aux jeunes générations du GSPC  qui ont environ 25 ans et qui ont fait le pari de reprendre le flambeau d’Hassan  Hattab. Ce sont eux qui constituent aujourd’hui le « deuxième » GSPC dont  Abdelmalek Droukdal se présente comme le dirigeant.


Pourquoi cette  menace intervient-elle maintenant ?


Au cours des derniers jours, la  presse algérienne   a relayé des communiqués d’Hassan Hattab dans lesquels le chef historique du  GSPC annonce vouloir rendre les armes. Pour contrer celui qu’ils perçoivent  comme un « traître », le deuxième GSPC multiplie les communiqués. Le but est de  créer la confusion entre les deux GSPC. Davantage qu’une simple affaire de  terrorisme, il s’agit d’une affaire politique dans le cadre de la politique  d’amnistie des autorités algériennes.


Ces menaces sont-elles à  prendre au sérieux ?


A la fin des années 90, le GSPC comptait environ 300  combattants dont les bastions, selon la DST, étaient la grande et la petite  Kabylie, les Aurès et le Sud-Sahara. Il a subi depuis de violentes attaques de  l’armée qui l’ont affaibli. Mais même s’ils ne sont plus que cinquante, s’ils  sont déterminés, ils ont toutes les raisons de mettre en œuvre leurs menaces.  Ont-ils ensuite les capacités logistiques de le faire ? Impossible de le  savoir.


Propos recueillis par Alexandre Sulzer