Loi antigays en Ouganda: L'identité de «200 principaux homosexuels» dévoilée par un journal

OUGANDA Au lendemain de la promulgation d'une loi qui durcit la répression des homosexuels, un tabloïd publie une liste de 200 personnes qu'il dit être homosexuels...

20 Minutes avec AFP
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Le Président ougandais, Yoweri Museveni lors de sa visite au Pentagone, en 2013. 
Le Président ougandais, Yoweri Museveni lors de sa visite au Pentagone, en 2013.  — SIPA USA

  Un journal  ougandais a publié mardi une liste de 200 personnes qu'il dit être  homosexuelles, le lendemain de la promulgation d'une loi durcissant la  répression de l'homosexualité dans ce pays d'Afrique de l'Est à majorité  chrétienne. "Mis à nu!", titre en une le tabloïd Red Pepper, habitué des  ragots sordides, de préférence sexuels. "Les 200 principaux homos  d'Ouganda identifiés" écrit-il dessous, à côté de photos d'un  responsable d'une association de défense des minorité sexuelles, d'un  prêtre catholique, d'une rappeuse renommée et d'une militante connue de  la cause gay, lesbienne affichée.

La majorité n'a jamais fait son coming out

Parmi les noms cités - tous relativement connus en Ouganda -  figurent quelques homosexuels affichés, mais la grande majorité - dont  ceux de défenseurs de la cause homosexuelle - sont ceux de personnes  n'ayant jamais fait part publiquement de leur préférence sexuelle. "La chasse aux sorcières médiatiques est de retour", a twitté  Jacqueline Kasha, célèbre activiste de la cause homosexuelle en  Ouganda, dont le nom avait été cité en octobre 2010 dans un autre  tabloïd, Rolling Stone, qui avait publié les identités de 100 prétendus  homosexuel(le)s sous le titre "Pendez-les".

Jacqueline Kasha avait fait condamner le journal en portant  plainte, au côté notamment de David Kato, figure de la cause  homosexuelle en Ouganda lui aussi cité et assassiné à son domicile  quelques mois plus tard.

La loi oblige à dénoncer quiconque affiche son homosexualité

Lundi, le président ougandais Yoweri Museveni a promulgué une  loi qui durcit la répression déjà sévère de l'homosexualité - passible  de la prison à vie - en prohibant notamment la "promotion" de  l'homosexualité et qui oblige à dénoncer quiconque s'affiche  homosexuel(le). La promulgation de cette loi a suscité de sévères critiques  de défenseurs de la cause homosexuelles ou des droits de l'Homme à  travers le monde, ainsi que de nombreux partenaires occidentaux de  l'Ouganda, dont certains ont commencé à annoncé la suspension de  certaines aides au pays.

Risque d'un escalade de la violence contre les homosexuels

Les observateurs craignent que cette nouvelle loi n'encourage  le harcèlement et les violences dont sont déjà largement victimes les  homosexuels en Ouganda, où l'homophobie est alimentée par les puissantes  Eglises évangéliques. Fin 2013, le Red Pepper avait déjà publié des photos d'un  retraité britannique, Bernard Randall, le montrant ayant des relations  homosexuelles, images privées tirées d'un ordinateur qui lui avait volé  lors d'un cambriolage, entraînant l'inculpation de l'intéressé pour  "trafic d'images obscènes".