Portrait en trois questions de Matteo Renzi, le nouvel homme fort d'Italie

Céline Boff
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Matteo Renzi, chargé de former le gouvernement en Italie, le 10 janvier 2014.
Matteo Renzi, chargé de former le gouvernement en Italie, le 10 janvier 2014. — Luigi Mistrulli/SIPA

C’est désormais officiel. Matteo Renzi, 39 ans, n°1 du parti démocrate (PD), doit former le nouveau gouvernement italien. Avant d’en devenir, sans doute, le chef. 20 Minutes dresse le portrait en trois questions du nouvel homme fort de la Botte.

Qu’a-t-il fait? 

Une «Jafar-inade» réussie. La semaine dernière, Renzi a obtenu la tête d’Enrico Letta, le chef du gouvernement italien, en faisant voter une motion de défiance contre lui. Les deux hommes appartiennent à la même formation politique et Renzi est parvenu à convaincre la direction du parti démocrate d'«ouvrir une phase nouvelle avec un exécutif nouveau». La trahison est d’autant plus amère pour Letta que Renzi lui avait, quelques jours auparavant, réaffirmé son soutien.

Qui est-il?

Un trentenaire pressé, séducteur et charismatique. Catholique fervent passé chez les scouts, ce publicitaire de métier tweete le moindre de ses gestes. Il a débuté en politique à 19 ans, en soutenant l’économiste Romano Prodi lors des élections parlementaires. Ambitieux, il devient à 34 ans maire de Florence, ville où il est né et près de laquelle il a grandi. A 38 ans, il prend la tête du parti démocrate.

Chouchou des médias et des marchés, il fait partie du Top 5 des maires les plus appréciés d’Italie, d’après les sondages. Il a pourtant fait exploser la dette de cette ville. Souvent qualifié de «Tony Blair italien», ses détracteurs le surnomment «Renzusconi», dénonçant ainsi une personnalité proche de celle de Silvio Berlusconi.

Ce père de trois enfants marié à une enseignante préfère le surnom de «Il Rottamatore» (le démolisseur), issu de son propre slogan promettant «d’envoyer la vieille classe dirigeante à la casse».

Que veut-il?

Devenir le nouveau chef du gouvernement. Ce qu’il sera s’il parvient à choisir des ministres –la presse italienne évoque le chiffre de 18- qui plaisent à la gauche… et à la droite. Car l'Italie est pilotée depuis avril par une coalition droite-gauche et cela va continuer. 

Renzi doit aussi plancher sur son programme. S’il répète que l'Italie doit «sortir des marécages» et qu’il sera l’homme des réformes «ambitieuses», il n'a donné aucun détail sur la manière dont il compte trouver l'argent pour relancer durablement l'économie italienne, abaisser la lourde fiscalité sur les entreprises, lutter contre un chômage record proche des 13%, et à plus de 40% chez les jeunes.

Ce gouvernement et ce programme, Renzi pourrait les présenter dès mercredi aux parlementaires. Et s’il décroche leur vote de confiance, Renzi deviendra le plus jeune chef de gouvernement en Europe.

Il sera dès lors intéressant de voir ce qui motive réellement ce jeune loup: rester au pouvoir le plus longtemps possible en ne faisant pas trop de vagues ou au contraire lancer une vraie rénovation de l’Italie. Ce qui est certain, c’est qu’il sera, après Romano Prodi et Enrico Letta, le troisième président du conseil qui n'aura pas été choisi démocratiquement. Et que, sans aucune expérience ni du parlement, ni de gouvernement, il devra faire avec une majorité faible et instable.