Italie: Dernières consultations en vue de la formation d'un nouvel exécutif
POLITIQUE C'est un véritable marathon auquel se livre le président, âgé de 88 ans, avec pas moins d'une quinzaine de délégations prévues...
Le président de la République italienne Giorgio Napolitano a poursuivi ce samedi après-midi ses consultations avec les dirigeants politiques en vue de confier probablement à Matteo Renzi, le chef du Parti démocrate (PD), la formation du nouveau gouvernement.
C'est un véritable marathon auquel se livre le président, âgé de 88 ans, avec pas moins d'une quinzaine de délégations prévues. Silvio Berlusconi, avec son parti Forza Italia, puis les députés et sénateurs du PD fermeront le ballet, avant que Giorgio Napolitano n'annonce le nom du successeur d'Enrico Letta, poussé vers la sortie jeudi par son propre parti. Mais il ne fait guère de doute que son choix se portera sur l'ambitieux maire de Florence, Matteo Renzi, âgé de 39 ans.
Conditions pour une coalition
D'ores et déjà, Angelino Alfano, vice-Premier ministre sortant et chef du parti Nouveau centre droit (NCD), dont les 30 sénateurs sont essentiels pour assurer la majorité gouvernementale de coalition gauche droite, s'est déclaré prêt à participer à un éventuel gouvernement Renzi, à deux conditions.
D'abord que «l'axe de l'actuelle coalition anormale droite gauche ne se déplace pas vers la gauche». «Nous dirions non à un tel gouvernement», a assuré Angelino Alfano devant la presse, à l'issue de son entretien avec Giorgio Napolitano. La deuxième condition est de «faire les choses en grand» pour sortir le pays de la crise, en ciblant «la classe moyenne».
«Mais pour faire les choses en grand, il faut du temps. On ne peut pas conclure un accord [avec Matteo Renzi] en 48 heures et une fois l'accord conclu il faudra l'inscrire noir sur blanc», a averti Angelino Alfano, qui se méfie de toute évidence du chef du PD.
Berlusconi au Quirinal
Auparavant, des représentants du parti de droite Fratelli d'Italia (FDI) avaient symboliquement remis leur cartes d'électeurs au président de la République pour dénoncer «le troisième gouvernement consécutif qui ne tient pas compte de la volonté des Italiens» après celui technique de Mario Monti et celui de la coalition d'Enrico Letta.
Le Cavaliere, toujours aux commandes de son parti Forza Italia, après sa destitution du Sénat consécutive à sa condamnation pour fraude fiscale, se refait une légitimité politique avec sa visite à Giorgio Napolitano en début de soirée. Il s'offre aussi une sorte de revanche : il estime que le chef de l'Etat lui a forcé la main lorsqu'il l'a poussé vers la démission en novembre 2011 pour nommer à son poste Mario Monti.
La journée s'achèvera avec le Parti démocrate qui sera représenté par deux de ses dirigeants, mais pas Matteo Renzi. Ce dernier devra composer avec la formation actuelle du Parlement, qui n'avait pas dégagé de majorité claire au printemps dernier, pour former un gouvernement de coalition gauche droite, comme son prédécesseur.
Emploi et fisc prioritaires
La Repubblica avance le chiffre de 18 ministres, «dont la moitié de femmes». L'économiste Lucrezia Reichlin pourrait remplacer Fabrizio Saccomani à l'Economie, un ministère toujours scruté de près par les partenaires européens de la troisième économie de la zone euro.
D'autant que, malgré un rebond de 0,1% du PIB au quatrième trimestre 2013, après deux ans de récession économique, l'Italie est loin d'être tirée d'affaire, avec une dette publique s'élevant à 127% de son PIB et un chômage à 13%. «Emploi et fisc» devront en tous les cas être les deux priorités du nouvel exécutif, selon le Corriere della Sera, même si Matteo Renzi n'a jusqu'à présent pas précisé comment il comptait financer les réformes qu'il veut mettre en place.
Au jeu du «toto-ministri», un autre nom circule, celui de Luca Cordero di Montezemolo, président de Ferrari et chantre du «Made in Italy». Emma Bonino, radicale, ancienne commissaire européenne, pourrait conserver son portefeuille aux Affaires étrangères. Une fois son gouvernement formé, Matteo Renzi devra se présenter devant le Parlement pour un vote de confiance.