Paris réorganise son dispositif au Sahel pour lutter contre les jihadistes

MONDE Il s'articulera autour de quatre pôles principaux...

20 Minutes avec AFP
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Les troupes française pendant l'opération Serval au Mali, le 14 janvier 2013 
Les troupes française pendant l'opération Serval au Mali, le 14 janvier 2013  — ARNAUD ROINE/ECPAD/SIPA/1301171047

La France a  entrepris de réorganiser son dispositif militaire  au Sahel autour de  quatre pôles principaux, pour renforcer l'efficacité  de ses forces dans  la lutte contre les groupes jihadistes qui opèrent  dans cette zone  immense.

L'opération Serval au Mali a permis de porter des coups très  durs  aux islamistes armés qui contrôlaient le nord du pays. Mais   l'intervention française a aussi provoqué la dispersion de milliers de   combattants dans la zone sahélienne, notamment dans le sud de la Libye   devenue une «zone grise», qui échappe à tout contrôle, et le lieu de   tous les trafics.

«Le danger d'une recomposition des groupes islamistes existe,  même  s'il n'est pas encore avéré. Il faut contenir cette menace,  continuer  d'exercer une pression suffisante pour l'empêcher de se  développer»,  souligne un responsable du ministère de la Défense. Paris a  donc décidé  de rapprocher son dispositif de la zone où ses forces sont  le plus  susceptibles d'intervenir. C'est-à-dire essentiellement dans le  nord du  Mali, du Niger et du Tchad voisins.

Il ne devrait pas y avoir plus de soldats français en Afrique

Le nouveau dispositif devrait maintenir environ 3.000 hommes  dans la  zone, au moment où la France est au contraire en train de  réduire ses  effectifs au Mali. Il s'agit de réarticuler les forces  autour de quatre  pôles spécialisés - Gao, au Mali, N'Djamena, Niamey et  Ouagadougou -  pour faire face à une menace devenue régionale. A terme,  il ne devrait  pas y avoir plus de soldats français en Afrique, mais ils  seront  répartis légèrement différemment. Serval a en effet rappelé aux   états-majors l'importance des «élongations», les milliers de km à   parcourir pour acheminer les hommes et le matériel dans la zone   d'action.

Au Mali, où le contingent français doit être ramené à un  millier  d'hommes dans quelques mois, Gao devrait devenir une sorte de  «hub»,  une plaque tournante d'où les forces poursuivront leurs  opérations dans  le nord du pays au côté de l'armée malienne.

Les forces terrestres stationnées à N'Djamena (950 hommes)  joueront,  selon la Défense, en cas de besoin le même rôle dans le nord  du Tchad.  L'essentiel des moyens aériens français (avions de chasse  Rafale et  Mirage 2000D) restant stationnés dans la capitale tchadienne.

Niamey, où sont déployés les deux drones Reaper acquis  récemment aux  Etats-Unis, doit servir de plateforme logistique et de  pôle de  renseignement. Enfin Ouagadougou servira de base aux Forces  spéciales,  les premières en action en cas de coup dur. 

Petits contingents «là où ça se passe» 

A cette «ligne de déploiement principale», s'ajouteront des  bases  avancées, beaucoup plus au nord, en cours de négociations avec les   capitales de la région. Tessalit au Mali, à moins de 100 km de la   frontière algérienne, Faya-Largeau dans le nord du Tchad, près de la   frontière libyenne, devraient accueillir de petits contingents de   quelques dizaines d'hommes. «Il s'agit pour nous de prépositionner des   stocks logistiques et un petit effectif», indique un responsable   militaire. Des stocks de carburant ou de munitions qui permettront de   renforcer la réactivité des forces françaises «là où les choses se   passent vraiment».

C'est cette «régionalisation» de la lutte contre la menace  jihadiste  que le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, devait  exposer  vendredi à Washington à ses interlocuteurs américains. Une  action qui  doit se dérouler «dans le temps relativement long», pour  laquelle Paris  compte notamment sur la poursuite du soutien américain en  matière de  renseignement. Les deux pays partagent la même analyse de la  menace et  la France veut développer sa coopération avec Washington.

Le troisième rideau des forces françaises en Afrique de  l'ouest  devrait globalement rester le même, avec ses implantations au  Sénégal  (350 hommes), au Gabon (940), Côte d'Ivoire (450), auxquelles   s'ajoutent les 1.600 soldats engagés dans l'opération Sangaris en   Centrafrique.