Centrafrique: La présidente prête serment, Laurent Fabius sur place

MONDE Catherine Samba Panza a pour priorité la pacification du pays, où les violences continuent...

20 Minutes avec AFP
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La maire de Bangui, Catherine Samba-Panza, vient d'être élue présidente de transition par le parlement centrafricain le 20 janvier 2014, à Bangui.
La maire de Bangui, Catherine Samba-Panza, vient d'être élue présidente de transition par le parlement centrafricain le 20 janvier 2014, à Bangui. — AFP PHOTO / ERIC FEFERBERG

La présidente de  transition, Catherine Samba Panza, qui a pour  priorité la pacification  de la Centrafrique, ravagée par des tueries  interreligieuses, doit  prêter serment jeudi, au lendemain de nouvelles  violences ayant fait au  moins dix morts à Bangui. Le ministre français  des Affaires étrangères, Laurent Fabius, se rendra sur place.

Je serai à #Bangui aujourd'hui pour l’investiture de la nouvelle présidente centrafricaine C. Samba-Panza #RCA
— Laurent Fabius (@LaurentFabius) 23 Janvier 2014

 

En province, la «majorité» du territoire reste sous la coupe   implacable de chefs de guerre, ont rappelé mercredi à Paris l'archevêque   et l'imam de Bangui, Dieudonné Nzapalainga et Oumar Kobine Layama, qui  depuis des mois appellent leurs concitoyens à la paix.

Violences à Bangui

A Bangui, les  violences ont opposé des combattants musulmans  ex-Séléka à des civils et  à des miliciens chrétiens anti-balaka, ont  indiqué à l'AFP des témoins  sous couvert d'anonymat. Les affrontements  se sont déroulés près du camp Kasaï, non  loin du centre-ville, où sont  cantonnés d'ex-rebelles, et de la prison  centrale, située dans le même  quartier, selon ces témoins. Ils ont indiqué avoir vu les cadavres de  six ex-rebelles  Séléka alignés devant la prison centrale et de quatre  civils chrétiens  aux abords du bâtiment. «Quatre ex-Séléka, qui se  trouvaient dans la prison, ont été  tués par des miliciens anti-balaka»,  a précisé une source diplomatique.

Un journaliste de l'AFP a constaté la mort d'un ex-rebelle,  le corps  profondément entaillé à coups de machette. Des infirmiers de  l'opération Sangaris ont  tenté en vain de le sauver. A sa mort, plus d'une centaine de chrétiens  du quartier ont manifesté leur joie, selon ce journaliste. La résidence  de la nouvelle présidente de transition - qui  succède officiellement  jeudi à Michel Djotodia - se trouve à une  centaine de mètres de la  prison.

Michel Djotodia, qui avait renversé le régime de François Bozizé  en  mars 2013 à la tête de sa coalition rebelle Séléka, a été contraint à   la démission le 10 janvier, sous pression de la communauté   internationale excédée par son incapacité à arrêter les tueries entre   chrétiens et musulmans. Le fléau des groupes armés et rébellions qui  rançonnent et  s'en prennent aux populations dure depuis des années dans  un pays où  l'administration - y compris la police et la gendarmerie - a  disparu de  régions entières.

L'archevêque et l'imam de Bangui reçus jeudi par François Hollande

L'archevêque et l'imam de Bangui, qui seront reçus jeudi par le  président François Hollande, l'ont souligné une nouvelle fois à Paris.  «Actuellement, dans le pays, les anti-balaka sont partout,  les Séléka  sont partout. Les gens sont, surtout à l'intérieur du pays, à  la merci  de tous ces seigneurs de guerre», a expliqué l'archevêque, en  rappelant  que la nouvelle présidente «est confrontée  à des défis  énormes, le  désarmement, le cantonnement des milices...».

Dans le nord de la capitale, au PK-13, des pillages de  commerces et  de maisons ont également eu lieu mercredi, sur fond de  manifestations  de haine entre chrétiens et musulmans, entraînant  l'intervention de  soldats rwandais de la Misca pour calmer des esprits  chauffés à blanc.

Ces nouvelles violences rappellent que rien n'est réglé en  Centrafrique pour l'instant, même si l'élection de Mme Samba Panza a été  favorablement accueillie par la population et la communauté  internationale.  S'exprimant mardi devant la presse à Bangui,  la nouvelle présidente a  souligné qu'il y a «des milliers de jeunes qui  ont des armes, qui sont  soit dans la Séléka, soit anti-balaka. Si on  lâche ces jeunes dans la  rue, on n'aura pas résolu le problème». «Le nombre de soldats actuel ne  suffit même pas à remettre de l'ordre à Bangui»,  a-t-elle expliqué dans  une interview publiée jeudi par le quotidien  français Le Parisien,  réagissant aux engagements de l'Union européenne  d'envoyer des troupes  en Centrafrique.

Commission internationale d'enquête sur  les violations des droits de l'homme

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon  a de son côté  nommé mercredi les membres d'une commission  internationale d'enquête sur  les violations des droits de l'homme  commises dans le pays. Conformément à une résolution adoptée le 5  décembre 2013 par  le Conseil de sécurité des Nations unies, cette  commission sera chargée  pendant une période initiale d'un an d'enquêter  sur les exactions  commises depuis le 1er janvier 2013 en RCA et d'en  traquer les  responsables.

La commission sera composée d'un secrétariat et de trois  experts  dans le domaine des droits de l'homme: Jorge Castaneda  (Mexique),  Fatimata M'Baye (Mauritanie) et Bernard Acho Muna (Cameroun).  Ce  dernier présidera la commission.