Le Sénat italien abolit le délit d'immigration clandestine
MONDE Ce changement dans la loi suscite de très vives réactions...
Le Sénat a approuvé ce mardi en première lecture un projet de loi visant à abolir le délit d'immigration clandestine qui a suscité la satisfaction des défenseurs des migrants mais la colère du parti anti-immigrés de la Ligue du Nord.
La mesure, qui doit encore être validée par la Chambre des députés pour entrer en vigueur, assouplit sensiblement une loi adoptée sous un des gouvernements Berlusconi qui fait de tout migrant arrivé clandestinement un délinquant aux yeux de la loi.
Le projet de loi prévoit toutefois de punir pénalement des migrants qui tenteraient de revenir après avoir fait l'objet d'un arrêté d'expulsion ou qui refuseraient de se signaler aux postes de police.
«Progrès» pour la ministre italienne de l'Intégration
Le projet adopté par le Sénat est le résultat d'un compromis entre les forces de droite et de gauche composant la coalition au pouvoir en Italie et a immédiatement suscité des réactions violentes de rejet de la Ligue du nord.
«Non à l'abolition du crime de l'immigration illégale», clamaient des pancartes brandies par des sénateurs de ce parti, très minoritaire, crédité de seulement 3 à 4% dans les sondages en ce moment.
«Dans les palais (du gouvernement), ils ont gagné pour le moment. Préparons-nous à la bataille sur les places. Là, parmi les gens bien, nous l'emporterons», a lancé le chef de la Ligue, Matteo Salvini, dans un tweet.
La ministre de l'Intégration, l'Italo-Congolaise Cécile Kyenge, a qualifié le vote de «progrès qui nous rapproche de l'Europe». «Toute personne qui entrera une première fois clandestinement dans notre pays ne pourra pas être soumise à une procédure pénale. En substance, cela devient une infraction administrative. Cela prouve que l'Italie est un pays civilisé et respecte la diversité».
Réaction de la Ligue du nord
Nadia Ginetti, membre de la direction du Parti démocrate (PD), premier parti de gauche, a souligné que «la Bossi-Fini (la loi qui avait instauré le délit d'immigration clandestine) n'avait en aucun cas découragé l'afflux de migrants et avait même transformé la Méditerranée en une mer de morts», a-t-elle estimé.
A Lampedusa, lors des naufrages de bateaux chargés de réfugiés et migrants en octobre dernier, des pêcheurs avaient évoqué la possibilité que certains ne leur soient pas venus en aide par crainte des représailles judiciaires.
Maintenant que cette question est réglée, le prochain objectif pour le PD c'est «une loi pour mettre en place le droit du sol» pour le million d'enfants d'immigrés nés en Italie, selon Nadia Ginetti.