Pédophilie: L’ONU demande des explications au Vatican
Le Vatican a, pour la première fois, été sommé jeudi de donner des explications devant l'ONU sur les mesures prises pour lutter contre la pédophilie. Les représentants du Vatican ont fait face dans la matinée à un feu roulant de questions des experts du comité pour les droits de l'enfant de l'ONU, dont les conclusions seront publiées le 5 février.
Au même moment, le pape François déclarait que les scandales de pédophilie étaient «la honte de l'Eglise». «Avons-nous honte? Tant de scandales que je ne veux pas mentionner individuellement, mais que tout le monde connaît!», s'est exclamé François au cours de la messe matinale à la résidence Sainte-Marthe, dans une allusion transparente aux crimes de pédophilie, mais aussi de corruption, commis par des membres du clergé catholique sur les cinq continents.
Refus de répondre en décembre
Le Saint-Siège avait refusé en décembre de répondre à un questionnaire du comité de l'ONU envoyé en juillet concernant les dossiers de pédophilie. C'est la première fois que des questions détaillées sur ce sujet étaient posées au Vatican, selon une porte-parole du comité.
Une fin de non-recevoir que les experts de l'ONU ont clairement rejeté jeudi, en posant une fois de plus - pendant une session publique retransmise sur internet - ces mêmes et très nombreuses questions à la délégation du Vatican.
«Pourquoi n'y a-t-il pas de déclarations obligatoires (de ceux qui sont au courant, ndlr) auprès des autorités judiciaires du pays où les crimes sont commis? Prendre des mesures contre les responsables fait partie de la justice», a déclaré un des membres du comité, Hiranthi Wijemanne. «Quels changements ont été apportés au code de conduite pour empêcher ces sévices sexuels? Quelles sanctions ont été prises contre les clercs ayant eu une conduite inappropriée?», a demandé pour sa part une autre experte du comité, Sara Oviedo.
«Quelles mesures ont été prises?»
«Quelles mesures ont été prises pour affronter ce problème et changer la situation? Qu'en est-il de la coopération avec les autorités locales? Qu'en est-il des réparations pour les victimes?», a-t-elle poursuivi. «Nous savons que des progrès ont été faits», a-t-elle ajouté, sans toutefois les spécifier.
Elle a également demandé à la délégation du Vatican de donner plus d'informations sur les membres et les objectifs de la Commission pour la protection des mineurs dont la création a été annoncée en décembre 2013.
Le Vatican se défend
Pour sa part, le Vatican, qui a ouvert les débats jeudi, a défendu son action en matière de lutte contre la pédophilie dans l'Eglise. «Ceux qui commettent des abus se trouvent parmi les membres des professions les plus respectées, et malheureusement, y compris par les membres du clergé et parmi d'autres représentants de l'Eglise», a déclaré le représentant du Vatican auprès des Nations unies à Genève, Silvano Tomasi. «L'Eglise catholique veut devenir un exemple de bonne conduite», a-t-il assuré.
«Il n'y a aucune excuse pour toute forme de violence ou d'exploitation des enfants», a-t-il dit, soulignant que selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) 150 millions de filles et 73 millions de garçons avaient été victimes de violences sexuelles (statistiques de 2006).
M. Tomasi a rappelé que le Vatican avait ratifié la Convention des droits de l'enfant en 1990, et ses protocoles - dont l'un concerne la pornographie infantile - en 2000.
Il a également souligné, sans fournir de détails, que le Saint-Siège et les églises locales avaient formulé des «directives» en la matière pour éviter les sévices sexuels, citant la Charte pour la protection des enfants et des jeunes adoptée par l'Eglise catholique américaine en 2005.