Opération Sangaris: Pourquoi la France intervient-elle en Centrafrique?

MONDE Tout ce qu'il faut savoir sur l'opération Sangaris...

20 Minutes avec AFP
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Un convoi militaire Français à Bangui, en Centrafrique, le 25 novembre 2013.
Un convoi militaire Français à Bangui, en Centrafrique, le 25 novembre 2013. — STR/AP/SIPA

Environ 1.600 soldats français ont été déployés dimanche en milieu de journée en Centrafrique, dans le cadre de l’opération Sangaris. Questions/réponses pour tout comprendre de cette intervention.

Où se déroule l’opération Sangaris?

La Centrafrique est un pays plus grand que la France mais qui compte seulement 4,5 millions d'habitants. Extrêmement pauvre bien qu'il possède d'importantes réserves de diamants, de l'or et du pétrole, cette ancienne colonie française est devenue indépendante en 1960 et a été secouée depuis par de multiples rébellions et coups d'Etat. Depuis des années, la majeure partie du pays est abandonnée par l'Etat et en proie aux bandes armées.

Pourquoi une intervention militaire française?

La France poursuit des objectifs à la fois humanitaires et sécuritaires. Plus d'1,3 million de Centrafricains, soit un tiers de la population, ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence selon la FAO et plusieurs dizaines de milliers de personnes ont fui les combats pour se réfugier en brousse. Le président Michel Djotodia, ancien chef rebelle désormais au pouvoir, est complètement dépassé par la situation à Bangui et dans l'arrière-pays. Des bandes armées y sèment la terreur, commettant pillages, viols et exactions à répétition contre les civils.

Mais l'enjeu est aussi stratégique. Le vide sécuritaire en Centrafrique, enclavé entre le Cameroun, le Congo Brazzaville, la RDC, le Tchad et le Soudan, menace la stabilité de la région. Le pays pourrait servir de base arrière aux groupes armés venus des pays voisins, comme la LRA (Armée de résistance du Seigneur), sanglante rébellion ougandaise de Joseph Kony, ou faire l'objet de tentatives d'infiltrations d'éléments islamistes.

Comment intervenir?

Cela passe par la sécurisation des rues, des itinéraires, la démilitarisation des bandes qui se livrent à des exactions. Les Français devront en particulier sécuriser les deux axes routiers qui partent vers le Tchad au nord et le Cameroun à l'ouest. Outre les combats en zone urbaine, à Bangui ou Bouar (nord-ouest), les troupes françaises devront opérer dans le nord du pays, foyer depuis plusieurs mois d'affrontements communautaires.

Quels effectifs sur place?

Quelque 1.600 militaires français étaient déployés dimanche en Centrafrique, soit 400 de plus qu'annoncé au départ. L'essentiel des forces est concentré à Bangui, mais des unités sont également présentes dans l'ouest du pays. Ils peuvent compter sur la couverture aérienne des avions Rafales basés à N'Djamena, qui ont conduit vendredi une mission dissuasive, pour montrer leur puissance, au dessus de Bangui.

Quels pays participent à l’intervention?

Les soldats français auront à leur côté les hommes de la Force de l'Union africaine, la Misca (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad). L'Union africaine a décidé ce week-end de porter à 6.000 les effectifs de la Misca, qui compte déjà 2.500 hommes en Centrafrique, mal équipés et mal entraînés. Aucune date n'a été fixée. Londres, qui a développé ces dernières années sa coopération avec Paris en matière de défense, a proposé «une aide logistique limitée» à la France en envoyant un avion militaire gros porteur C-17. Mais l'envoi de troupes britanniques n'est pas une option, selon Londres. L'Allemagne a proposé vendredi d'offrir une aide logistique à la France en mettant à disposition des capacités de transport aérien (Airbus A310).

Qui est l’ennemi?

Il s'agit d'abord des Séléka, groupe hétéroclite de rebelles locaux et de mercenaires tchadiens et soudanais, majoritairement musulmans, qui ont renversé en mars le président François Bozizé. Les effectifs des forces hostiles sont «variables», parfois «peu identifiables», a noté le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian. «Il s'agit beaucoup de rapines, de violences parfois gratuites» avec aussi l'émergence d'une «dérive confessionnelle».

En réaction aux exactions, les milices chrétiennes «anti-balaka» sont apparues depuis septembre dans le nord-ouest du pays, et sont en partie responsables des récents massacres à Bangui. Armés de fusils et de machettes, ces miliciens se vengent sur les civils musulmans, éleveurs peuls et commerçants. Le pays s'est peu à peu enfoncé dans un engrenage de violences inter-communautaires et inter-religieuses entre chrétiens (80% de la population) et musulmans, qui ont précipité le feu vert de l'ONU à une intervention française.

Combien de temps va durer l’opération?

Elle «sera rapide, elle n'a pas vocation à durer», a assuré jeudi le président François Hollande. Vendredi, Jean-Yves Le Drian, qui avait d'abord parlé de 4 à 6 mois, n'a «pas exclu» que les objectifs puissent être atteints en six mois. Les éléments de Sangaris doivent être une «force-relais», vers la prise en charge par la Misca.