Les pauvres de Caracas votent Chavez
—

Sur un rythme de reggaeton, la sono est assourdissante : « Uh ! Ah ! Chavez no se va ! » « Chavez ne part pas. » Pour les habitants du quartier populaire de Palo Verde, dans l'est de Caracas, la réélection du président vénézuélien ce dimanche ne fait aucun doute. Entre les échoppes qui vendent des goyaves ou des contrefaçons de vêtements de marque, une fresque assure que « la révolution continue ». La révolution bolivarienne, c'est avant tout une politique sociale ambitieuse financée par la manne pétrolière, dans un pays où près de la moitié de la population vit dans la pauvreté.
A Palo Verde, un médecin cubain à la fine moustache accueille ses patients à la porte d'un bâtiment octogonal de brique rose... mais n'a pas l'autorisation de parler à la presse. Il fait partie des vingt mille praticiens cubains qui exercent dans les quartiers pauvres, jadis oubliés de la médecine de proximité. En échange, le Venezuela livre à Cuba 90 000 barils de pétrole par jour. Maria d'Hernandez est professeur pour la mission Robinson, le programme d'alphabétisation. « J'ai 54 ans, je dois penser aux générations futures. Grâce au président Chavez, il est possible de les aider. » Un peu plus loin, Aurora Gonzalez achète des produits Mercal, la marque gouvernementale à prix réduits : « Je les achète parce qu'ils ne sont pas chers, mais ils sont de mauvaise qualité. » Un reproche mineur face aux problèmes persistants dans le quartier : corruption, délinquance et logement précaire. Mais quand, dans les escaliers qui serpentent à flanc de colline, un ivrogne crie « Uh ! Ah ! Chavez s'en va », tout le monde sourit. Personne ne le croit.
A Caracas, René Pichon