A 123 ans, le doyen de l'humanité mâche des feuilles de coca et fait sa cuisine

MONDE Il ne prend pas de médicaments...

20 Minutes avec AFP
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Le Bolivien Carmelo Flores Laura est le doyen de l'humanité.
Le Bolivien Carmelo Flores Laura est le doyen de l'humanité. — Aizar RALDES / AFP

  Il vit seul  dans les Andes à plus de 4.000 mètres  d'altitude, mâche des feuilles de  coca et fait sa cuisine: à 123 ans,  Carmelo Flores Laura serait l'homme  le plus vieux du monde, selon les  registres officiels boliviens.

Avec en toile de fond le majestueux Nevado d'Illampu, qui culmine à 6.382 mètres d'altitude, une des plus hautes montagnes de Bolivie,le vieil homme coule des jours paisibles dans le hameau perdu de Frasquia, à l'ouest de La Paz près du lac Titicaca.

Vêtu de ponchos superposés et portant un bonnet surmonté d'un   chapeau à larges bords pour affronter les températures extrêmes de   l'altiplano, il marche sans aucune aide et n'a plus de dents.

Il confie à l'AFP «avoir parfois quelques douleurs» à la  poitrine et  à l'estomac mais ne prend pas de médicaments. Toute sa vie,  dit-il en  langue aymara que traduit un interprète, il a travaillé comme   journalier.

 

«Avant, il n'y avait rien à manger, je devais parfois me  contenter  de lézards ou de serpents. Je leur ouvrais le ventre et je me  préparais  une friture ou les mettais dans la soupe», raconte-t-il.

«Maintenant, je peux acheter du riz, des vermicelles» qu'il  prépare  lui-même sur un petit fourneau au flammes avivées par de la  bouse de  lama, ajoute-t-il.

Carmelo Flores Laura a affirmé être né à la fin du 19e  siècle, dans  des déclarations à une chaîne de télévision locale cette  semaine.

Le Tribunal Electoral de Bolivie   a confirmé à l'AFP que «monsieur Carmelo Flores Laura est inscrit dans   les registres, sa date de naissance est le 16 juillet 1890 et il vit   dans la commune de Frasquía, où il est agriculteur».

Les autorités de La Paz ont indiqué que ces documents  seraient  envoyés au Livre Guinness des Records pour qu'il puisse être  homologué  comme l'homme le plus vieux du monde.

La plus vieille personne vivante dont l'âge est officialisé  par une  preuve de sa naissance est la Japonaise Misao Okawa, âgée de 115  ans.

Marié à une veuve

Le record de la plus vieille personne identifiée revient à la Française Jeanne Calment, décédée à l'âge de 122 ans en 1997. Carmelo Flores vit seul dans une masure au toit de paille et au plancher en terre battue sans eau courante.

Arrivé très jeune dans le village en quête de travail, il est  tombé  amoureux d'une veuve qu'il a épousée et avec laquelle il a eu  trois  enfants.

«Elle est morte il y a longtemps», dit-il, tandis que son  petit-fils  Edwin, âgé de 27 ans et venu lui rendre visite se rappelle  que sa  grand-mère avait alors 107 ans.

Comme son épouse, deux de ses trois fils sont décédés. «Il ne  me  reste plus qu'un fils, Cecilio», qui vit à El Alto dans la banlieue  de  La Paz, dit l'aïeul, ému. Il a aujourd'hui 14 petits-enfants et 39 arrière-petits-enfants.

Recruté pour la Guerre du Chaco

Frasquía abrite une cinquantaine de maisons entourées de  potagers  semés d'oignons, de pommes de terre et de fèves, arrosés par  les  ruisseaux venus de la cordillère.

Le hameau dispose également d'une école et d'un dispensaire,  mais  les villageois doivent parcourir les chemins de montagne pendant  trois  heures avant de pouvoir s'approvisionner à Arista, la bourgade le  plus  proche.

Mâchant les feuilles de coca, une coutume ancestrale dans les  Andes,  pratiquée notamment pour combattre les effets de l'altitude,  Carmelo  Flores évoque des souvenirs lointains, comme lorsqu'il a été  recruté  pour se battre comme soldat dans la Guerre du Chaco, opposant la Bolivie au Paraguay (1932-1935), un des conflits les plus sanglants ayant touché l'Amérique latine au XXe siècle.

Du fond de sa mémoire remontent d'autres images de combats  lointains  et de révolutions passées. «Nous nous sommes battus avec des  bâtons et  des frondes», dit-il, même s'il ne se souvient plus très bien  en  quelle année.

Doña Francisca Aruquipa, 80 ans, intervient et affirme «bien   connaître Carmelo». «C'est mon voisin, mon aîné, dit-elle en aymara. Il   aimait beaucoup danser».