Le patriarche russe Kirill en visite historique en Terre sainte
Le patriarche russe Kirill se rendra vendredi en Terre sainte pour une première visite depuis son intronisation en 2009, un voyage historique mais essentiellement symbolique, l'Eglise orthodoxe russe ayant exclu tout aspect politique de cette visite.
Cette "première visite officielle de Kirill en tant que chef de l'Eglise orthodoxe russe" en Israël et dans les Territoires palestiniens est placée sous le signe de la paix", a déclaré à l'AFP le porte-parole de l'Eglise orthodoxe russe, le père Alexandre Volkov.
Le patriarche Kirill, 65 ans, célébrera un office avec le patriarche grec orthodoxe de Jérusalem, Théophilos III et aura des entretiens avec les chefs des Eglises chrétiennes locales. Il doit aussi être reçu par le président israélien Shimon Pérès et le dirigeant de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
Même si le patriarche doit rencontrer les dirigeants israéliens et palestiniens, cette visite "n'a pas et ne peut pas avoir d'aspect politique", a souligné le père Alexandre Volkov.
Kirill "prie toujours pour la paix en Terre sainte et pour que les pèlerins du monde entier puissent y venir en paix", a-t-il ajouté.
Alors que le ministère israélien des Affaires étrangères considère l'arrivée du patriarche Kirill comme "la visite la plus importante (en Israël) depuis celle du pape Benoît XVI" en 2009, des experts russes estiment que sa portée sera plutôt symbolique.
La visite "d'un haut responsable religieux comme Kirill est toujours importante, mais c'est plutôt une visite diplomatique, qui n'aura pas de conséquences majeures", estime l'expert Vladimir Oïvine, responsable du site Portal-credo.ru, spécialisé dans les questions religieuses.
"Le patriarche va essayer de jouer un rôle pacificateur" dans cette région, mais son initiative "n'aura probablement que peu de résultat", souligne-t-il.
Au cours de sa visite de six jours, Kirill doit visiter les principaux sites chrétiens, parmi lesquels le Saint-Sépulcre, site du tombeau du Christ, qui est actuellement au coeur d'un conflit opposant le Patriarcat grec-orthodoxe, en charge d'une partie de ce haut lieu du christianisme, et une compagnie des eaux israélienne.
Le Patriarcat grec-orthodoxe, dont les comptes ont été bloqués par la société Hagihon qui lui réclame 9 millions de shekels (1,8 M euros) d'arriérés, a déjà sollicité l'aide du président russe Vladimir Poutine, selon les médias locaux.
"Soutenue par Poutine", l'Eglise orthodoxe russe est "la plus importante communauté (chrétienne) dans le monde", et le Patriarcat grec-orthodoxe "pourrait utiliser le puissant levier russe" pour résoudre ce problème au cours de cette visite, estime Amnon Ramon, de l'Institut de Jérusalem pour les études israéliennes.
Le patriarche Kirill traversera le Jourdain, où Saint Jean Baptiste a baptisé le Christ, pour se rendre le 13 novembre en Jordanie, où il rencontrera le roi Abdallah II.
Après la perestroïka et la chute de l'URSS, dans les années 1990, quelque 1,2 million de Russes, dont environ un quart de chrétiens, ont émigré en Israël.
Israël compte aujourd'hui quelques 120.000 chrétiens arabes (toutes confessions confondues) et 250.000 chrétiens orthodoxes, selon différentes estimations.
L'Eglise orthodoxe russe, la plus importante des Eglises orthodoxes orientales, compte quelque 150 millions de fidèles dans le monde.