Syrie-Turquie: Damas s'excuse pour la mort des civils turcs, la communauté internationale condamne unanimement

MONDE La France, les Etats-Unis, l'Union européenne et l'Otan ont réagi, après ces tirs qui ont fait cinq morts...

M.Gr. avec agences
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Dans les rues de la ville truque d'Akçakale, après les tirs d'obus syriens, le 3 octobre 2012
Dans les rues de la ville truque d'Akçakale, après les tirs d'obus syriens, le 3 octobre 2012 — AP/SIPA

La Syrie a présenté des excuses par l'entremise des Nations unies pour la mort à la frontière de cinq villageois turcs tués par un tir de mortier syrien, a déclaré ce jeudi le vice-Premier ministre turc Besir Atalay.«La Syrie reconnaît (avoir commis cet acte) et présente des excuses. Elle a dit que ce genre d'incident ne se répéterait pas. Nous sommes satisfaits. Les Nations unies ont joué un rôle de médiateur et ont parlé à la Syrie dans la soirée», a-t-il indiqué.

Les réactions ont été nombreuses ce jeudi, pour condamner le tir de mortier syrien. Ce dernier «constitue une menace sérieuse à la paix et que le Conseil de sécurité de l'ONU doit condamner de manière ferme», a ainsi déclaré Laurent Fabius.

«La France se tient aux côtés de la Turquie»

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a ajouté qu’il s’agissait d’une «violation du droit international, qui constitue une menace sérieuse à la paix et à la sécurité internationales. La communauté internationale ne peut pas accepter que le régime syrien poursuive ses actes de violence tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de ses frontières», a-t-il ajouté. «Il faut y mettre fin sans délai.» «La France, comme les autres alliés, se tient aux côtés de la Turquie», a-t-il poursuivi.

«Je souhaite et demande que l'ensemble de la communauté internationale, en particulier à travers le Conseil de sécurité, fasse passer clairement et rapidement un message de condamnation et de grande fermeté aux autorités syriennes.»

«Suivre la situation d’extrêmement près»

De son côté, la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, a également condamné le tir de mortier. «Je condamne fermement les bombardements menés hier par les forces de sécurité syriennes sur une ville de la frontière turque», dit-elle dans un communiqué. «J'exhorte une fois encore les autorités syriennes à cesser immédiatement la violence et à respecter entièrement l'intégrité territoriale et la souveraineté de tous les pays voisins», a-t-elle ajouté, appelant «à la retenue de toutes les parties». «Je continuerai à suivre la situation d'extrêmement près», a-t-elle précisé.

L'incident d'Akçakale a également été fermement condamné par les Etats-Unis et par l'Otan, qui ont affiché dès mercredi une solidarité sans faille avec Ankara, un des 28 pays membre de l'Alliance atlantique. Un porte-parole du Pentagone a vu dans cet incident un «exemple du comportement dévoyé» du régime syrien et, mercredi soir, le Conseil de l'Otan s'est réuni en urgence à Bruxelles pour sommer la Syrie de «mettre un terme à ses violations flagrantes du droit international».

Les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU, saisis par la Turquie, doivent eux publier, ce jeudi, une déclaration condamnant vigoureusement les tirs syriens et demandant à Damas de respecter le territoire de ses voisins.

Déclaration reportée

Cette déclaration devait être entérinée dès mercredi soir mais à la dernière minute, la Russie, fidèle alliée du régime syrien, a demandé que son adoption soit reportée à jeudi 14h GMT (16h à Paris). La Russie a bloqué à l'ONU l'adoption d'un projet de déclaration du Conseil de sécurité condamnant «dans les termes les plus fermes» le tir de mortier syrien qui fait cinq morts mercredi en Turquie.

Moscou a proposé de le remplacer par un texte édulcoré: «Les membres du Conseil de sécurité appellent les parties à exercer de la retenue et à éviter toute escalade supplémentaire dans la zone frontalière entre la Syrie et la Turquie.» Si elle est adoptée, la déclaration, non contraignante, appellerait également les deux voisins à «réduire les tensions et à construire une voie vers la résolution pacifique de la crise syrienne». Les Etats-Unis ont de leur côté présenté des amendements «musclant» le texte, selon un diplomate occidental.

«Enquêter sur l'incident»

Certaines phrases du texte original de la déclaration présentée par l'Azerbaïdjan ont été conservées par Moscou, qui exhorte par exemple le gouvernement syrien à enquêter sur l'incident. «Cela représente une démonstration du débordement de la crise en Syrie dans les Etats voisins à un degré alarmant», dit encore le texte conservé par la Russie.

Mais Moscou a demandé à retirer la phrase suivante selon laquelle «de telles violations du droit international constituent une menace sérieuse à la paix et à la sécurité internationales». La Russie, principale alliée de Damas, et la Chine ont opposé à trois reprises leur veto à des résolutions condamnant le régime syrien depuis le début du soulèvement contre le président Bachar al Assad il y a dix-huit mois. 

De son côté, l'armée turque a continué à bombarder, ce jeudi, le poste-frontière proche de la ville de Tel Abyad, en territoire syrien, au lendemain de ces tirs de mortier.