L'ambassadeur américain tué dans une attaque en Libye
MOYEN-ORIENT Des manifestants armés ont attaqué en début de soirée le consulat des Etats-Unis à Benghazi, protestant contre un film offensant l'islam selon eux...
L'ambassadeur américain en Libye, Christopher Stevens, et trois autres membres de l'ambassade ont été tués mardi soir dans une attaque à la roquette du consulat américain à Benghazi par des hommes armés, a indiqué un responsable libyen ce mercredi.
Un employé américain de l'ambassade n'a pas confirmé cette information. «Nous n'avons aucune information à ce sujet», a-t-il déclaré. Il a précisé que l'ambassade pouvait seulement confirmer le décès d'une personne. Selon le responsable libyen joint par Reuters à Benghazi, l'ambassadeur américain et les trois autres membres du personnel ont été tués par des tirs de roquettes alors qu'ils étaient en chemin vers un lieu plus sûr, fuyant l'attaque du consulat américain à Benghazi par des manifestants qui a fait un mort. Il a précisé qu'ils se trouvaient alors dans leur voiture. Selon lui, l'ambassade américaine a envoyé un avion militaire pour ramener dans un premier temps les corps à Tripoli avant de les rapatrier aux Etats-Unis.
Selon les autorités libyennes, les assaillants protestaient contre le même film dénoncé par des milliers d'Egyptiens, en majorité des salafistes, qui avaient manifesté mardi -jour anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis- devant l'ambassade américaine au Caire, avant d'arracher le drapeau américain pour le remplacer par un étendard islamique. Des manifestants armés se sont attaqués en début de soirée au consulat et des roquettes ont été tirées sur le bâtiment, selon des sources officielles libyennes.
Engagement américain pour la tolérance religieuse
Selon le Wall Street Journal, le film à l'origine des violences s'intitule Innocence of Muslims (L'Innocence des musulmans) et a été réalisé par un Israélo-Américain, Sam Bacile, promoteur immobilier de 54 ans. Après la manfistation du Caire, il a déclaré au quotidien américain: «L'islam est un cancer.» Le long métrage a reçu le soutien du controversé pasteur américain Terry Jones, qui avait créé la polémique en brûlant des exemplaires du Coran en avril.
>> Regardez la bande-annonce du film en question:
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Confirmant dans un communiqué la mort d'un agent du département d'Etat, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a déclaré que «certains ont essayé de justifier ce comportement brutal en le présentant comme une réponse à des éléments incendiaires diffusés sur Internet». «Les Etats-Unis déplorent toute volonté délibérée de dénigrer les croyances religieuses d'autrui. Notre engagement en faveur de la tolérance religieuse remonte aux origines mêmes de notre nation», a ajouté Hillary Clinton.
«Indignation» du CGN
Elle a souligné: «Mais que les choses soient claires: rien ne saurait jamais justifier des actes de cette nature.» Elle a par ailleurs indiqué s'être entretenue avec le président de l'Assemblée nationale libyenne Mohamed al-Megaryef, des moyens de mieux protéger les Américains travaillant en Libye. Ce dernier a présenté des excuses aux Etats-Unis. «Nous présentons nos excuses aux Etats-Unis, au peuple américain et au monde entier pour ce qui s'est passé», a-t-il déclaré.
Le Congrès général national (CGN) libyen, la plus haute autorité politique du pays, a lui exprimé dans un communiqué son «indignation» et «sa condamnation dans les termes les plus forts» de l'attaque «criminelle» qui a conduit «à la mort et la blessure d'un certain nombre de personnes». Le CGN a annoncé l'«ouverture immédiate d'une enquête» et a indiqué que le président du Congrès, Youssed al-Megaryef a appelé à une réunion d'urgence avec le gouvernement d'Abdelrahim al-Kib. Selon le porte-parole de la Haute commission de sécurité du ministère de l'Intérieur, Abdelmonoem al-Horr, des roquettes RPG ont été tirées sur le consulat.
Condamnations de Barack Obama
Barack Obama a de son côté condamné l'attaque, qui a coûté la vie à l'ambassadeur et aux trois diplomates en Libye, rapporte Associated Press. Le président américain a par ailleurs indiqué que «toutes les ressources necéssaires seront engagées, pour permettre la sécurité du personnel américian présent en Libye et pour renforcer la sécurité de nos diplomates partout sur la planète».
A Paris, Laurent Fabius a demandé l'arrestation des coupables, tandis que François Hollande, dans un communiqué de l'Elysée, condamnait avec «la plus grande fermeté l’attaque, en demandant aux autorités Libyennes de faire toute la lumière sur ces crimes odieux et inacceptables». Le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a également condamné l'attaque. «Je condamne fermement cette attaque contre la mission américaine à Benghazi. Une telle violence ne peut en aucun cas se justifier», a-t-il déclaré. Il a salué «la condamnation de cet acte par le président libyen, les condoléances qu'il a présentées et la promesse de son gouvernement d'une totale coopération» pour retrouver les coupables.
Benghazi, fief des islamistes radicaux
Des témoins ont indiqué à l'AFP que des manifestants ont arraché le drapeau américain et ont mis le feu au consulat, ajoutant que des affrontements ont eu lieu entre des forces de sécurité et des hommes armés et que les routes menant au bâtiment ont été fermées. «Des dizaines de manifestants ont attaqué le consulat et y ont mis le feu», a déclaré à l'AFP Omar, un habitant de Benghazi. Un autre témoin a indiqué des salafistes se trouvaient parmi les assaillants, faisant état d'actes de pillage et de vandalisme.
Considérée comme fief des islamistes radicaux, Benghazi, deuxième ville du pays et bastion de la révolution libyenne, a connu une vague de violences ces derniers mois, avec des attaques contre des Occidentaux et des assassinats d'officiers de l'armée ou de la sécurité. Les autorités libyennes, déjà dépassées par la recrudescence des violences et la prolifération d'armes depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre dernier, se sont trouvées depuis quelques semaines face à une montée en puissance de la mouvance salafiste.
La destruction de mausolées musulmans dans l'ouest du pays par des groupes d'islamistes extrémistes a révélé ces dernières semaines au grand jour la puissance de cette mouvance, jusque-là discrète, et connue pour avoir comme bastion l'Est libyen. Le ministre de l'Intérieur Fawzi Abdelali avait alors expliqué qu'il ne voulait pas risquer une confrontation avec les groupes extrémistes nombreux et bien armés.