La télévision peine à se fixer en banlieue

MEDIAS Journalistes, fixeurs, et quartiers: 20minutes vous fait un décryptage...

Alice Coffin
— 
Des journalistes interviewent des riverains, le 14 octobre 2006 à Epinay-sur-Seine.
Des journalistes interviewent des riverains, le 14 octobre 2006 à Epinay-sur-Seine. — AFP / DOMINIQUE FAGET

Les journalistes et la banlieue, wahou, nouveau comme sujet! Sauf qu’à la faveur d’un documentaire d’Arte, La cité du mâle, et d’ un article du Point, un troisième terme est venu s’immiscer dans ce duo problématique: fixeurs. Pour résumer la polémique, les journalistes télé auraient, en banlieues, comme les reporters à Kaboul, besoin d’employer des intermédiaires, susceptibles de faciliter leur travail sur place . Aucun des journalistes ayant tourné dans des cités pour le Pièce à conviction «Enquête sur l’ultraviolence» diffusé lundi soir, à 20h35 sur France 3, n’a payé de fixeur. Mais leurs témoignages, recueillis par 20 minutes, éclairent le débat.

Paul Labrosse à Pierrefitte sur Seine

«Quand on parle de fixeurs, faut être précis. Ce serait une erreur grave de payer quelqu’un pour aller à 15 km de la rédaction. En revanche, clairement, je n’irai jamais non accompagné. Par des contacts. Mais, l’important, et c’est mon cas, est de travailler pendant plusieurs années dans les zones urbaines sensibles, ça aide.»

Willy Gouville, Villeneuve La Grenoble

«C’est impossible d’aller en banlieue sans un contact. Et même avec c’est compliqué. La personne qui nous accompagnait a été menacée. On avait pris toutes les précautions pour que cela se passe bien, et pourtant on s’est fait agresser. Cela devient difficile, voire injouable. Le plus terrible, c’est que les habitants, eux-mêmes, ont peur de témoigner. Personne n’a voulu parler devant notre caméra». 

Elise Lucet, présentatrice de l’émission

«Pas de fixeurs, mais des règles fixées. C’est les mensonges du genre «on tourne un sujet sur la politique d’urbanisme» voire les invitations aux mises en scène qui ont généré la méfiance. Elle est totale, les médias sont assimilés au pouvoir. Il faut travailler à l’anglo-saxonne, rester sur place, d’abord sans caméra. C’est capital, que des journalitses, et pas des fixeurs, continuent à y aller, même s’ils sont tout sauf les bienvenus. Pour ne pas encore accentuer l’énorme sentiment d’abandon.»