Un an après, « Bye-bye Belgium » fait gamberger
Le 13 décembre 2006, à 20 h 15, la Belgique a cessé d'exister... le temps d'une émission. Sur la RTBF, le docu-canular Bye-bye Belgium annonce la sécession de la Flandre. La fantaisie a un goût prémonitoire : lors des élections fédérales du 10 juin 2007, les indépendantistes flamands font une percée et le pays entre en crise politique. Philippe Dutilleul, réalisateur du docu, admet qu'« avec la distance, cette émission a mis les pieds dans le plat et permis de réfléchir ».
Un an plus tard, le monde médiatique se prépare à vivre deux journées très Bye-bye Belgium, comme le quotidien francophone Le Soir, qui publie un supplément de douze pages sur l'émission. « En Belgique, on n'ose pas créer le débat, glisse Nicolas Crousse, journaliste du quotidien. Cette émission a agi comme un thérapeute face à un couple en crise. Enfin, on a pu parler de ce problème identitaire grave et sérieux. On va revoir le documentaire de manière moins émotionnelle, le temps est au décryptage. » Et au partage : Le Soir s'est associé au journal Flamand De Standaard pour distribuer demain le DVD de l'émission, nanti de bonus.
« A la suite de Bye-bye Belgium, nous avons travaillé avec De Standaard pour une grande opération Nord-Sud, raconte Béatrice Delvaux, rédactrice en chef du Soir. Une série d'enquêtes où nous avons échangé nos équipes, où un journaliste francophone est allé vivre dans une famille flamande et vice-versa. »
Enfin, Le Soir prévoit aussi un article sur les réactions de Flamands visionnant le docu pour la première fois. Histoire de continuer, tranquillement, le débat. Cela dit, le docu-fiction, qui a été vu par un million de francophones et 200 000 Fla-mands, déchaîne encore les passions. Yves Leterme, leader flamand, vient de comparer la RTBF à « radio mille collines », antenne rwandaise qui avait encouragé les Hutus au massacre des Tutsis, en 1994. Et si la RTBF propose aujourd'hui une soirée spéciale Bye-bye Belgium, avec le making-of du documentaire, ce dernier ne sera pas rediffusé. Selon plusieurs sources, c'est « pour des raisons politiques ».