Bolloré remercie la direction d'iTELE et poursuit sa reprise en main du groupe Canal+
MEDIAS La directrice générale et la directrice de la rédaction de la chaîne, rebaptisée Cnews, quittent le groupe... Le comité d'éthique de la chaîne démissionne...
Vincent Bolloré poursuit sa reprise en main du groupe Canal +. Après les Guignols, le Grand Journal, D8 et D17, le patron de Vivendi a remercié les deux dirigeantes de la chaîne d’info iTELE, qui sera rebaptisée CNews. Et cela ne laisse pas indifférent.
Ce dimanche, le Comité d’éthique et de pluralisme de la chaîne d’information I-Télé a annoncé sa démission. « C’est par la presse [que nous avons appris] le licenciement de Cécilia Ragueneau, directrice générale d’I-Télé, et de Céline Pigalle, directrice de la rédaction d’I-Télé ». Nous n’en avons pas été informés, nous n’avons pas été consultés. La prise de pouvoir du groupe Vivendi sur Canal + et sur la chaîne I-Télé, nous interroge sur le rôle de ce Comité et nous conduit à en démissionner", ont cosigné dans un communiqué Julie Joly, directrice du Centre de formation des journalistes (CFJ) et Patrick Eveno, professeur des universités, président de l’Observatoire de la déontologie de l’information [mise à jour].
Ces évictions à la tête d’i-Télé sont intervenues alors que Vincent Bolloré a pris jeudi la tête du conseil de surveillance de la chaîne cryptée Canal + et nommé un proche, Jean-Christophe Thiery, président du directoire en remplacement de Bertrand Méheut.
Vincent Bolloré prend officiellement le contrôle de Canal + et écarte Bertrand Méheut
Cécilia Ragueneau, directrice générale d’iTELE, et Céline Pigalle, directrice de la rédaction de la chaîne, quittent le groupe Canal +, selon un communiqué diffusé vendredi soir. « Guillaume Zeller est nommé directeur de la rédaction d’iTELE. Il succède à Céline Pigalle », précise le communiqué.
Bolloré « veut pouvoir exercer un contrôle éditorial sur toutes les chaînes du groupe »
Diplômé de Sciences Po, Guillaume Zeller, 38 ans, évolue au sein du groupe depuis plusieurs années. Le journaliste et écrivain Philippe Labro, figure historique de Direct 8 et ancien patron de RTL, viendra épauler Guillaume Zeller « dans un rôle de conseil » alors que Jean-Christophe Thiery est « chargé de développer la chaîne d’info ».
Vincent Bolloré « veut pouvoir exercer un contrôle éditorial sur toutes les chaînes du groupe », estime un analyste financier, joint par l’AFP et qui a requis l’anonymat. « Il essaie d’imprimer sa marque, il a le sentiment d’apporter quelque chose de plus à Canal qu’il veut voir aller hors de France, notamment en Afrique », a-t-il ajouté.
iTélé et ses performances médiocres en ligne de mire
Cet été avait déjà été marqué par l’éviction du n°2 de Canal +, Rodolphe Belmer, puis celle, tout aussi rapide, du patron des chaînes gratuites D8 et D17, Ara Aprikian. Autre changement notable : Antoine de Caunes a quitté Le Grand Journal -la plus célèbre émission en clair de Canal + qu’il présentait depuis 2013- pour un show en deuxième partie de soirée diffusé à partir d’octobre.
Après cette reprise en main, iTélé et ses performances médiocres étaient en ligne de mire. La chaîne plafonne à 0,9 % de part d’audience face à sa concurrente BFMTV qui s’est hissée à 2 %. Une fragilité que pourrait aggraver l’arrivée de la chaîne d’info en continu du groupe public France Télévisions, dont la nouvelle présidente Delphine Ernotte a annoncé le lancement pour septembre 2016.
« Vincent Bolloré est arrivé avec une serpette et il coupe des têtes »
Jeudi, dans un courriel adressé à l’ensemble des salariés, Vincent Bolloré avait exposé sa stratégie pour le groupe. Il affichait sa volonté d’harmonisation des différentes chaînes (cryptées et gratuites), notamment en uniformisant le nom de plusieurs d’entre elles, D8, D17 et iTELE devenant respectivement C8 et C17 et CNews. « La concurrence entre les entités et les cloisons va disparaître chez Canal pour laisser place à un travail plus transparent, plus efficace et moins onéreux », affirmait-il.
Côté syndicats, certains redoutaient vendredi que les changements annoncés à la tête d’iTELE ne soient qu’une étape dans une réorganisation de plus grande ampleur.
« Vincent Bolloré est arrivé avec une serpette et il coupe des têtes. Les chefs de service ont très peur et ne savent pas comment ça va se passer derrière », a déclaré un responsable syndical à l’AFP.
La société des journalistes d’iTELE a fait part, dans un communiqué, « de sa vive émotion face à la brutalité du départ de Cécilia Ragueneau et de Céline Pigalle ». Elle dit attendre de connaître le projet de la nouvelle direction, « projet qui n’a pas encore été présenté à la rédaction ».