«Humour potache», «humeur badine» des politiques: Ce que dénoncent les femmes journalistes dans leur tribune
SEXISME La tribune des femmes journalistes parue dans «Libération» montre que le sexisme ordinaire sévit toujours dans le monde de la politique, jusqu'aux plus hautes sphères...
Non, non, rien a changé! Tout, tout va continuer? Espérons le contraire, et pour cela, quarante femmes se sont unies dans une tribune publiée dans Libé. Des journalistes chargées de couvrir le domaine politique, et qui subissent jour après jour le sexisme plus ou moins ordinaire de ceux qui gouvernent et édictent les lois françaises.
Hélène Bekmezian, journaliste au service politique du «Monde», parle de la tribune à «20 Minutes»
«Nous pensions que l’affaire DSK avait fait bouger les lignes et que les habitudes machistes, symboles de la ringardise citoyenne et politique, étaient en voie d’extinction. Las.» Voici un petit échantillon des mésaventures hautes en couleurs recensées par ces femmes.
«Humour potache»
Le sens de l'humour, les politiques n'en manquent pas. Dans la famille de la lourdeur, nous demandons le député qui accueille les journalistes à l'Assemblée nationale comme suit: «Ah mais vous faites le tapin, vous attendez le client». Autre blague fine répertoriée dans ce manifeste: «Dans une voiture où cohabitent militants et journalistes, un poids lourd politique nous propose d’interrompre le reportage et de filer à l’hôtel. Pour rire, bien sûr».
«Humeur badine»
Quand ces hommes ne plaisantent pas, ils flirtent. Mains dans les cheveux, compliments sur la tenue vestimentaire, déception affichée devant un col roulé, ces messieurs n'hésitent pas à franchir les frontières de l'intime. Dont cette anecdote: «Dans une usine visitée au pas de course, c’est un ministre qui s’amuse de nous voir porter des chasubles bleues réglementaires et glisse que «ce serait mieux si vous n’aviez rien en dessous».
Discrédit et rabaissement
Ces comportements sont quelquefois symptomatiques de la faible estime qu'ont certains politiques envers ces femmes journalistes. Soupirs condescendants, réflexions misogynes, «Ça, c’est bien une question de fille», les gestes blessants et réducteurs sont légion. Comme cet ami du président pour qui les journalistes sont «d’autant plus intéressantes qu’elles ont un bon tour de poitrine».
Révoltées et lassées, ces femmes témoignent d'un quotidien pesant, et banalisé. Sans pour autant généraliser ces comportements, et n'oubliant pas de penser à toutes les autres, «une grande partie de l’establishment politique fait montre d’une éthique personnelle et professionnelle qui lui évite les faux pas. Nous avons aussi conscience que nous faisons notre travail dans des conditions extrêmement privilégiées par rapport à la majorité des Françaises, qui peuvent perdre leur emploi ou leur santé parce qu’elles sont harcelées».
Le but de ce manifeste? En finir avec le sexisme et le harcèlement et pouvoir correctement travailler. «En 2015, ce que nous aurions vraiment aimé, c’est de ne pas avoir à écrire cette tribune», concluent-elles.