Bygmalion: France Télévisions veut se constituer partie civile
JUSTICE L'ex-PDG du groupe Patrick de Carolis avait été mis en examen début avril pour favoritisme dans cette information judiciaire…
France Télévisions veut se constituer partie civile dans l'affaire de favoritisme présumé dans des contrats passés avec Bygmalion, a-t-on appris auprès du groupe audiovisuel public vendredi, au lendemain de l'audition de son président comme témoin assisté par le juge Renaud van Ruymbeke.
«C'est une constitution de partie civile logique mais très tardive», a réagi auprès de l'AFP Me Pierre-Olivier Lambert, l'avocat du syndicat des médias SNPCA-CGC, qui avait déclenché l'affaire en portant plainte. «La vraie question, c'est que va faire le président de France Télévisions, qui est témoin assisté et donc en situation possible de conflit d'intérêts», a ajouté l'avocat.
Des prestations de veille Internet, gestion du courrier aux téléspectateurs...
L'ex-PDG du groupe Patrick de Carolis (2005-2010) a été mis en examen début avril pour favoritisme dans cette information judiciaire, distincte de celle sur les prestations et fausses factures de Bygmalion lors de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. L'actuel PDG Rémy Pflimlin, qui a succédé à Patrick de Carolis, a été entendu jeudi comme témoin assisté, statut intermédiaire entre celui de simple témoin et celui de mis en examen, avait annoncé le groupe audiovisuel.
Au centre de l'affaire, des contrats passés par le groupe avec Bygmalion à partir de fin 2008 pour des prestations de veille internet, gestion du courrier aux téléspectateurs ou de communication. Or, l'un des fondateurs de Bygmalion, Bastien Millot, avait été directeur de la communication auprès de Patrick de Carolis jusqu'en 2008, année où il prit un congé sabbatique avant son départ définitif en 2010.
Des contrats qui se sont pousuivis sous la présidence de Pflimlin
Certains contrats se sont pousuivis sous la présidence de Rémy Pflimlin jusqu'en 2013. Proche de Jean-François Copé, pour lequel il avait travaillé dans des ministères jusqu'en 2005, Bastien Millot a été mis en examen pour recel de favoritisme.
Dans ce dossier, l'ancien secrétaire général du groupe, Camille Pascal, devenu ensuite conseiller à l'Elysée sous Nicolas Sarkozy, a également été mis en examen pour favoritisme. Lors d'une confrontation dans le bureau du juge, fin mai, Patrick de Carolis et Camille Pascal se sont renvoyé la responsabilité des contrats, selon une source proche du dossier.
Mais la position de Patrick de Carolis s'est compliquée avec des révélations du Point selon lesquelles il avait lui-même été rémunéré, après son départ de France Télévisions, par la société Bygmalion.
France Télévisions Publicité (FTP), régie publicitaire du groupe audiovisuel, avait aussi annoncé, en juin, avoir conclu plusieurs contrats avec Bygmalion entre 2009 et 2012, qui totalisent selon Le Canard enchaîné près d'un million d'euros.