« être aussi perdu que le héros »

benjamin chapon
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Une série en plusieurs épisodes permet de « raconter quelque chose qu'un film ne pourra jamais transmettre ».
Une série en plusieurs épisodes permet de « raconter quelque chose qu'un film ne pourra jamais transmettre ». — P. MAZZONI/CANAL +

   Il n'a pas lu la BD d'origine, n'a pas trop aimé la saison 1 et les séries d'espionnage l'ennuient « en général ». Pourtant, Roger Avary, coscénariste de Pulp Fiction et réalisateur de Les Lois de l'attraction et de Killing Zoe, entre autres, a écrit la saison 2 de « XIII ». 

   Vous avez longuement hésité avant d'accepter d'écrire cette série. Qu'est-ce qui vous a finalement convaincu ?
  L'argent (rires). Non, sérieusement… l'argent. Enfin, disons que j'ai été séduit par la liberté totale que me garantissait EuropaCorp. Et ça m'intéressait de travailler avec eux sur cette série pour ensuite éventuellement produire des longs métrages.
  Réaliser un film reste plus intéressant ?
  Je suis arrivé sur ce projet avec un regard un peu hautain, voire méprisant, pour le travail pour la télé. Mais j'ai changé mon point de vue. Je me suis rendu compte que des artistes pouvaient s'emparer du format d'une série en plusieurs épisodes pour raconter quelque chose qu'un film ne pourra jamais transmettre.
  Par exemple ?
  Pour « XIII », j'ai trouvé passionnant de plonger les personnages dans des intrigues et surtout des univers très variés. Le but est que le spectateur soit aussi perdu que le héros, qu'il ne sache jamais à quoi s'attendre. Pour ça, j'ai joué avec les codes de genre cinématographique comme le film noir, d'épouvante ou même fantastique.
  Du coup, les épisodes sont très différents…
  Et très inégaux, oui, je sais. Il a fallu travailler assez vite. Ce n'est pas comme dans le cinéma où on peut reprendre un film un million de fois jusqu'à ce qu'il soit parfait.
  Et ça vous a frustré ?
  Pas du tout, c'est le jeu. C'est comme quand on fait des enfants. A un moment, on a fait de notre mieux et ils vivent leur vie. L'un devient prof d'histoire dans une fac réputée de la côte est et l'autre va vivre dans des cartons en vendant des figurines sculptées dans du vieux plastique. Tant qu'aucun ne va tuer des baleines, ça va.
  C'est un parti pris très différent 

   de celui de la première saison.
  J'ai beaucoup de respect pour le travail accompli sur la première saison, mais je voulais vraiment m'en éloigner.
  Vous avez beaucoup d'amis célèbres dans le cinéma, avez-vous eu la tentation de les inviter à jouer ou réaliser un épisode ?
  J'ai perdu pas mal d'amis dernièrement (rires). J'ai fait de la prison parce que j'ai eu un accident de voiture dramatique alors que j'avais bu. Mais j'ai gardé certains amis dans le cinéma malgré tout.
  En revanche, vous êtes toujours fâché avec Quentin Tarantino ?
  Ah, cette fameuse histoire… Je vais vous dire la vérité. Il y a quelques années, j'étais vexé que tous les journalistes et producteurs me parlent de Quentin. J'avais l'impression d'être la fille un peu ingrate qu'on drague pour approcher son amie super-mignonne. Alors j'ai inventé cette histoire de fâcherie. Et ça a marché… Mais non, Quentin a toujours été un grand ami. 

Une saison 2 surprenante

Si vous avez aimé la saison 1, ce « XIII.2 » pourrait vous décevoir, ou du moins vous surprendre. A part l'interprète principal, parfait en amnésique, presque tout change. Le héros tatoué dit flûte aux services secretset tourne ainsi le dos aux bisbilles, complots et autres trahisons pour s'engager dans la lutte clandestine contre les grands et vils groupes industriels. Débarrassée des incessants revirements de situation(« Oh mon dieu, mais tu es un méchant en fait ! ») de la saison 1, l'intrigue gagne en clarté et en variété par les thèmes et ambiances abordées.