Usine Fralib: « Une fermeture inéluctable »

MArseille Le directeur de l'usine Fralib de Gémenos fait le point sur ce conflit qui dure

Recueilli par Jérôme Comin
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Le logo d'Unilever, l'une des plus grandes entreprises d'agroalimentaire dans le monde.
Le logo d'Unilever, l'une des plus grandes entreprises d'agroalimentaire dans le monde. — Alexander Pohl/Sipa USA/SIPA

EDIT du 21 août  2023: Cet article a été anonymisé à la demande de la personne citée, en vertu du  Règlement général sur la protection des données (RGPD) et du droit à l'oubli.

Au centre des critiques des délégués du personnel pour sa gestion du conflit, le directeur de l'usine Fralib s'explique à 20 Minutes.


Pourquoi Unilever a décidé  de fermer l'usine Fralib ?
il y a un problème de surcapacité de production de thé et infusion : le groupe possède 4 usines en Europe et celle de Gémenos est la moins compétitive. Comparé au site en Belgique, le sachet de thé est 3 fois plus cher ici.


Pourtant, selon les syndicats, le site est rentable…
  De manière arithmétique, tant que l'usine restera chez Unilever, elle ne perdra pas d'argent : le groupe verse à Fralib un loyer de location-gérance de 5 millions d'euros par an qui représente au final 80 % des bénéfices du site. C'est en rétribution contre un fonds de commerce qui fait partie des actifs de l'entreprise. Du coup, même cette année, alors qu'il n'y a pas eu de production, l'usine sera bénéficiaire. 

Où la production va-t-elle être délocalisée ?
  Pour le moment, dans le cadre d'une gestion de crise, 70 % de la production se trouve à Katovic en Pologne, mais c'est temporaire. D'ici à la fin de l'année, 70 % de la production se retrouvera à Bruxelles et 30 % à Katovic. La Belgique produira ainsi à terme 90 % des produits destinés au marché français.


Dans le cadre d'un projet alternatif de reprise, les représentants du personnel souhaitent que vous leur cédiez la marque Eléphant et les machines. Ces demandes peuvent-elles être négociées avec Unilever ?
  Non, car l'Eléphant représente la marque d'infusion d'Unilever depuis 40 ans et que la France est un marché de près de 700 tonnes dans ce secteur. Quant aux machines, nous voulons en garder six dont les spécificités ne doivent pas tomber entre les mains de la concurrence et les 32 autres sont destinées à la revitalisation du bassin régionale : les entreprises qui le souhaitent peuvent les récupérer et celles qui ne trouveront pas preneur seront récupérées et envoyées dans des pays à forte croissance comme la Russie ou en Asie.


Unilever craint-il que ce conflit finisse par nuire à son image ?
  Une décision a été prise et elle est inéluctable. Même si le groupe n'avait jamais connu ce genre de situation, il s'attendait à ce scénario car il s'est déjà produit pour d'autres sociétés de la région comme Netcacao par exemple. C'est une stratégie syndicale faite pour user la direction mais cela peut aussi nuire aux salariés. Cette tension est néfaste pour tout le monde.


C'est pour cela que vous employez des gardes du corps armés ?
Ils ne sont pas armés, ils ont juste des parapluies pour éviter que je reçoive des projectiles lorsque je vais à l'usine. Une procédure de fermeture d'un site est complexe, j'ai besoin d'être concentré et ce n'est pas facile quand vous êtes entourés par des salariés hostiles.