Marseille : La grève des éboueurs s’enlise malgré l’ordre de débloquer les garages

MOUVEMENT SOCIAL Le tribunal a ordonné la levée des piquets de grève aux garages et centres de transferts, mais le service n’est pas près de reprendre normalement

X.R. avec AFP
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Les poubelles continuent à s'accumuler dans les rues de Marseille.
Les poubelles continuent à s'accumuler dans les rues de Marseille. — Christophe SIMON / AFP

Dans le dialogue de sourds entre la métropole et les éboueurs de Marseille, la justice peine à se faire entendre. Après l’assignation en référé de la ville contre  FO, le syndicat majoritaire, afin de demander la levée des blocages des centres de transfert et des garages où sont entreposés les camions benne, le tribunal administratif a tranché ce samedi. Les  grévistes ont ordre de « libérer sans délai » ces sites stratégiques, sous peine d’astreinte de 250 euros par jour de retard et par personne bloquant ces sites.

« C’est un non-événement, on juge quelque chose qui n’existe plus », a réagi Patrick Rué, le patron de FO à Marseille, estimant que les grévistes, qui sont désormais une quarantaine en moyenne par jour, ne bloquent plus les sites. La métropole Aix-Marseille-Provence, qui gère la collecte des déchets, estime au contraire que ces blocages subsistent par intermittence. Quoi qu’il en soit, la grève continue, a insisté Patrick Rué, qui estime que « la solution ne se trouve pas devant les tribunaux mais dans le dialogue social ».

Le ras-le-bol des habitants

Cette nouvelle grève, qui dure depuis dix jours, est la troisième en quatre mois à Marseille. FO estime que certaines dispositions d’un précédent accord conclu fin décembre avec l’ensemble des organisations syndicales autour de l’application des 35 heures, et notamment sur des primes du dimanche, ne sont pas respectées. Samedi, le maire  Benoît Payan a tapé du poing sur la table : « Ça suffit (…), je souhaite, je veux et j’exige que la ville soit propre », s’est-il agacé dans le quotidien La Provence. Et il accuse la métropole de « faire l’autruche » : « Les gens vont devoir se parler, de gré ou de force ».

Les Marseillais eux expriment leur ras-le-bol, dans les rues, où ils doivent enjamber les tas de poubelles qui débordent, ou sur les réseaux sociaux. Certains sont même venus déposer leurs déchets devant le siège de FO. « Ils étaient une petite vingtaine ce (samedi) matin, on a discuté avec eux… On comprend bien que les Marseillais soient excédés, mais pourquoi ils ne vont pas l’exprimer devant la métropole ? », a répondu Patrick Rué.

En attendant, 3.000 tonnes de déchets se sont accumulées dans les rues marseillaises et chaque jour 1.000 tonnes supplémentaires arrivent. La métropole fait face en outre à l’absence de plus de 200 agents pour maladie. L’arrivée annoncée du mistral à partir de dimanche sur Marseille ne devrait rien arranger, alors que tout le monde garde en tête les images des plages recouvertes de déchets après des pluies torrentielles en octobre, lors d’une grève précédente.