Coronavirus à Marseille : « On espère qu'il y aura pas trop de cas », inquiétude autour des partiels en présentiel à la fac

UNIVERSITE A la faculté d'Aix-Marseille, plus grande université francophone au monde, les conditions d'organisation des examens dans un contexte sanitaire explosif inquiètent

Mathilde Ceilles
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Illustration d'un amphithéâtre de la faculté d'Aix-Marseille (avant la pandémie)
Illustration d'un amphithéâtre de la faculté d'Aix-Marseille (avant la pandémie) — Boris Horvat / AFP

Alors que les partiels ont commencé cette semaine en présentiel pour les 80.000 étudiants de l’université d’Aix-Marseille, l’inquiétude monte chez certains dans les couloirs de ce qui est la plus grande  université francophone au monde. Dans une ville où l’épidémie de coronavirus est galopante, et  le variant Omicron devenu majoritaire​, des étudiants et des professeurs se plaignent du manque de précautions au sein de l’université pour faire face aux risques sanitaires.

« Chaque étudiant vient avec son propre masque qu’il a remis 12.600 fois, soupire Lise Gastaldi, enseignante-chercheuse, maîtresse de conférences à la faculté d’écogestion et militante CGT. Selon les groupes, on a du mal à faire respecter le port du masque. Et quand on surveille 120 étudiants dans un amphi, on peut ne pas passer deux heures à gueuler pour que chacun mette le masque correctement. Au bout d’un moment, on n’est pas flic. »

Des salles sans fenêtre

Et de déplorer : « Le ménage qui est fait plus fréquemment, c’est un fantasme. Il n’y a même pas parfois de savon dans les toilettes. Cette semaine, j’ai surveillé un examen où les étudiants ont signé avec le même stylo la feuille d’émargement ! Et pour les trois examens que j’ai surveillés, il y avait trois protocoles sanitaires différents. On est dans une forme de bricolage. »

Selon un communiqué de presse de la CGT, qui craint de voir ces examens se transformer en une « Covid party géante », « les (trop rares) mesures de CO2 dans les salles et amphis à AMU indiquent que la
ventilation est trop souvent inadéquate. » « On est dans des locaux assez vétustes, déplore Lise Gastaldi. Dans mon unité par exemple, certains examens ont été organisés dans des grands amphis en sous-sol, sans fenêtre. Il y a des systèmes de ventilations bien sûr, mais pas du tout fait pour traiter la question des microparticules… Et dans le bâtiment derrière, neuf, les fenêtres sont cassées. On avait pour consigne de pas les ouvrir au risque de se les prendre sur le coin de l’œil ! »

« Les gens se marchent dessus »

« Dans certaines promotions, comme médecine ou droit, c’est compliqué, quand on sait que déjà, dans les amphis, les gens se marchent dessus, peste Lyes Belhadj, président de l’Unef au sein de l’université d’Aix-Marseille. Sur le campus de Saint-Charles par exemple, il y a 3.500 inscrits pour 2.099 places assises… Le ministère n’a pas donné les moyens à l’université ! »

« On est plus de 200 dans ma promo et franchement on s’inquiétait, témoigne Louisa, étudiante en 3e année de Langues étrangères appliqués. On a même fait une pétition contre les examens en présentiel, mais ce n’était pas suffisant apparemment… On nous avait promis des jauges et des distanciations. Lundi, quand je suis arrivée, c’était presque comme avant l’épidémie. On n’était dans le même gymnase que là où on a passé les examens en L1. On était chacun sur un bureau, mais il y avait moins d’un mètre entre. Je voyais même la copie de ma collègue tellement on était près… »

Des masques FFP2

« Il y a une certaine appréhension, confie Lise Gastaldi. On va voir ce que ça donne dans les jours qui viennent, mais on espère qu’il n’y aura pas trop de cas, même si on ne saura jamais si la faculté est responsable de ces contaminations… » « Dans ma promo, il y a eu plein de cas confirmés, et dans le gymnase, il y avait de moins en moins de monde au fil des jours, observe Louisa. Moi-même, je commence à avoir mal à la gorge, et je psychote un peu. »

Alors que les examens doivent se tenir jusqu’au 14 janvier prochain, la CGT réclame ainsi des mesures complémentaires, citant par exemple la distribution des masques FFP2 décidée par l’université Lyon 2, ou le déploiement de capteurs de CO2 connectés comme l’a initié l’université d’Angers.

« Nous avons passé les cours magistraux et les travaux dirigés à distance afin de libérer le maximum de salles pour espacer les étudiants, rappelle l’université, contactée par 20 Minutes. Dans un très grand nombre de cas, nous sommes à mi-jauge, voire à tiers de jauge des capacités. Quand cela n’est pas possible, les mesures barrières sont renforcées, notamment grâce aux masques FFP2. Nous veillons particulièrement à la présence de gel hydroalcoolique et au port du masque obligatoire. »