Marseille : Il y a 40 ans, le juge Michel assassiné en plein jour
COMMÉMORATION Il menait la vie dure à « la French connection » et était parvenu à démanteler plusieurs laboratoires de drogues et écrouer des dizaines de truands
- Au tournant des années 80, Marseille était l’épicentre d’un trafic international d’héroïne, mené par la French Connection.
- Le juge Michel était parvenu, en quelques années, à démanteler plusieurs laboratoires de drogue et à faire écrouer des dizaines de truands.
- Le 21 octobre 1981, le juge Michel, 38 ans, a été abattu par balles sur sa moto, en rentrant chez lui pour déjeuner avec ses filles.
Il était un « héros de la justice », selon les mots de Robert Badinter, garde des Sceaux à l’époque : magistrats, avocats et policiers ont rendu hommage jeudi au juge antidrogue Pierre Michel, assassiné 40 ans plus tôt à Marseille.
Le 21 octobre 1981, le juge Michel, 38 ans, est abattu par balles sur sa moto, en rentrant chez lui pour déjeuner avec ses filles. Ce jour-là, « la justice venait de subir une très lourde défaite », s’est remémoré jeudi le journaliste Alex Panzani, le dernier à lui avoir parlé avant le drame, lors d’un colloque d’hommage organisé par le tribunal judiciaire de Marseille.
Quarante ans plus tard, « la douleur est toujours là », a témoigné jeudi Béatrice Michel, une des filles du juge, « en quarante ans, l’affaire ne nous a jamais laissés souffler ». « Vers la fin il se sentait accablé, lâché, aurait-il dû quitter Marseille, partir ? Sans doute… », s’est-elle interrogée.
Overdoses dans les toilettes des restaurants
Le juge Michel, passionné par ses dossiers auxquels il se dévouait « corps et âme » selon ceux qui l’ont côtoyé, est parvenu, en quelques années, à démanteler plusieurs laboratoires de drogue et à faire écrouer des dizaines de truands.
A cette époque, rappelle Alex Panzani, « la ville était littéralement vampirisée par la "French connection" », cette filière internationale de trafic d’héroïne dont le centre névralgique était à Marseille.
Quand Pierre Michel, venu de Metz, prend ses fonctions à Marseille en 1975, « c’est la découverte des overdoses, des cadavres dans les toilettes des restaurants de la côte », a rappelé Paul-Louis Aumeras, ancien substitut du procureur à Marseille.
Si le juge Michel était encore vivant, s’est demandé l’actuelle procureure de Marseille Dominique Laurens, « il serait sans doute anéanti de voir que les mécanismes criminels auxquels il s’attaquait sont toujours actifs ».
À l’occasion de cette commémoration, les invités du colloque se sont penchés sur le rôle du juge d’instruction et son évolution depuis les années 1980, en présence notamment de l’ancien garde des Sceaux Dominique Perben.