Marseille : Les fruits et légumes moches du marché des Arnavaux désormais cuisinés pour être redistribués aux plus pauvres
ALIMENTATION Auparavant jetés, les fruits et légumes abîmés invendus du marché d'intérêt national des Arnavaux de Marseille sont désormais cuisinés pour être redistribués par la Banque alimentaire
- Des tonnes de fruits et légumes légèrement abîmés étaient jetées chaque année au marché d’intérêt national des Arnavaux de Marseille, faute de trouver des acheteurs.
- Une association implantée dans l’enceinte même de ce Rungis phocéen a décidé de les récupérer pour les cuisiner.
- Les soupes et compotes produites par des personnes éloignées de l’emploi sont redistribuées aux plus précaires par le biais de la Banque alimentaire.
Il suffisait jusqu’ici d’une petite égratignure sur une écorce d’orange, d’un flétrissement de peau d’une tomate ou d’un petit germe sur une pomme de terre pour que ces fruits légumes, vendus au marché des Arnavaux, sorte de Rungis marseillais, finissent directement à la poubelle. Mais voilà quelques mois, une association a mis en place un concept tout bête, et pourtant unique en France dans un marché de gros. Depuis le mois de décembre dernier, l’association Fruits et Légumes Solidarité récupère en effet auprès directement des grossistes de fruits et légumes leurs marchandises invendues, et jusqu’ici gaspillés, pour les cuisiner.
« Il y a chaque jour au marché d’intérêt national des Arnavaux des centaines de fruits et légumes qui sont jetées, constate Dro Kilndjian, le directeur d’exploitation de cette association. Ce sont en effet des produits périssables qui ont une durée de vie plus courte. L’objectif de notre initiative est de leur donner une plus longue durée de vie ». Des donateurs qui sont incités à participer, grâce notamment à un avantage fiscal intéressant.
Soupes et compotes
Centrifugeuse, éplucheuse de pommes de terre, casseroles XXL. Dans le local de 400 m² qu'a investi l’association, dans l’enceinte même du marché des Arnavaux, une multitude de machines étranges et flambant neuves sont à pied d’œuvre. Toutes ces denrées sont récupérées dans un but bien précis : les transformer en soupe, compotes et autres jus qui seront ensuite redistribués aux plus précaires, par le biais de la Banque alimentaire.
« Au fil des ans, la Banque alimentaire a constaté que la part de fruit et légumes dans l’alimentation des personnes les plus précaires était très faible, regrette Dro Kilndjian. Or, cela n’est pas sans conséquence, puisque cela engendre des carences et des maladies comme le diabète ou l’obésité. »
Objectif : mille tonnes par an
Concrètement, le local des Arnavaux distribue régulièrement ses produits transformés à la Banque alimentaire des Bouches-du-Rhône, qui se charge ensuite de les dispatcher entre ses 185 associations bénéficiaires, comme la Croix-Rouge ou l’Armée du Salut. « Nos produits sont ainsi ajoutés à des paniers, ou directement utilisés dans la distribution de repas cuisinés », se réjouit Dro Kilndjian. A terme, la structure espère également pouvoir diversifier les moyens de diffusion des produits, toujours en circuits courts.
Derrière ces machines, une dizaine de personnes âgées de 20 à 64 ans, toutes éloignées de l’emploi et embauchées dans le cadre de chantiers d’insertion. « Pour démarrer, nous avons bénéficié d’un financement du conseil départemental de 764.000 euros, rappelle Dro Kilndjian. Nous espérons arriver à l’équilibre d’ici trois à quatre ans. » Pour l’heure, une quinzaine de tonnes a déjà été recyclée. À terme, l’association espère recycler 1.000 tonnes de fruits et légumes invendus par an.