VIDEO. Marseille: Comment lutter contre les décharges sauvages?

ENVIRONNEMENT Comme dans d'autres villes de France, certains Marseillais vivent à proximité de décharges à ciel ouvert. Elus et riverains réclament des mesures fortes...

Mathilde Ceilles
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Un tas de déchets dans les rues de Marseille
Un tas de déchets dans les rues de Marseille — BORIS HORVAT / AFP
  • Marseille doit composer avec de nombreuses décharges sauvages
  • La métropole réclame plus de sanctions
  • D’autres prônent une autre voie

« Mon mari a un kiosque à sandwichs dans le XIVe arrondissement de Marseille. Depuis plus d’un an, le boulevard où il travaille est devenu une décharge à ciel ouvert. Le chiffre d’affaires de son entreprise a chuté de 50 %. C’est honteux. »


Lucile Coppano, vice-présidente de l’association Marseille Poubelle la vie dénonce une situation qui dure depuis plusieurs années, et qui a tendance à agacer de nombreux habitants. Certaines rues de la cité phocéenne sont devenues de véritables décharges sauvages. Entreprises et particuliers y déversent leurs détritus et autres encombrants qui devraient normalement finir à la déchetterie.

Pas assez de sanctions

Comment expliquer cette situation illégale ? L'article R632-1 du Code pénal sanctionne « le fait de déposer, aux emplacements désignés à cet effet par l’autorité administrative compétente, des ordures, déchets, matériaux ou tout autre objet de quelque nature qu’il soit, en vue de leur enlèvement par le service de collecte, sans respecter les conditions fixées par cette autorité, notamment en matière d’adaptation du contenant à leur enlèvement, de jours et d’horaires de collecte ou de tri des ordures ». La sanction prend alors la forme d’une amende 35 euros.


Nombreux sont donc les Marseillais à réclamer des sanctions, à l’image de Dimitri, un lecteur de 20 Minutes. « Amende systématique pour les dépôts sauvages (enquête et caméras) et amende pour les professionnels qui utilisent les containers publics et qui déposent au sol », réclame-t-il.

Une plainte en juillet dernier

Le hic ? Une partie de ses déchets déposés de manière sauvage le sont par des entrepreneurs. « Ce sont des professionnels délinquants, des voyous qui travaillent au noir, et donc ne veulent pas être identifiés », affirme Monique Cordier.


La vice-présidente de la Métropole en charge de la propreté et de la gestion des déchets a déposé plainte en juillet dernier contre des individus pris en flagrant délit, autre condition nécessaire à une sanction.

« Moi, si le procureur ne m’aide pas »

« Mais la plainte n’a toujours pas été examinée par le procureur, déplore-t-elle. Moi, si le procureur ne m’aide pas… Il faut des sanctions ! » Pour l’élue, prendre en flagrant délit ces personnes n’est pas un souci. « Avec les caméras, tout ça, on peut ! »


Pour lutter contre cette problématique des professionnels indélicats, certains préconisent de plus des systèmes d’incitation. « Les solutions existent mais coûtent de l’argent, note ainsi David, un internaute. Il y a la gratuité des déchetteries sans tonnage et à volonté pour les entreprises. »

Une écotaxe pour les professionnels du BTP ?

Une proposition qui rejoint celle de Samia Ghali, sénatrice socialiste des Bouches-du-Rhône, qui compte aborder le sujet en marge d’une rencontre prévue ce mardi avec le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot sur la pollution de l’air. « Comme lorsque vous achetez de l’électroménager, pourquoi ne pas instaurer une écotaxe auprès des professionnels, produits et matériaux spécifiques ainsi que sur
les chantiers et autres travaux du BTP ? Cela permettrait de financer la gratuité de ces structures, et pourquoi pas aussi d’étendre leurs horaires ! »


« Les déchets professionnels ne relèvent pas de la compétence de la Métropole, répond Monique Cordier. Il faut les déposer dans des déchetteries privées, au nombre de deux à Marseille. S’ils sont déposés sur les trottoirs, on les enlève, même si ce n’est pas de notre ressort. Mais, par exemple, dans des quartiers où le marché est détenu par une entreprise, il faut à chaque fois négocier…. »