VIDEO. Grève des éboueurs à Marseille: Pourquoi le blocage a été soudainement levé?
PROPRETE Alors que le conflit s'enlisait, les grévistes ont annoncé, un peu par surprise, la levée du blocage de plusieurs sites de collecte des ordures...
- Un conflit social à Derichebourg paralyse la collecte des déchets depuis plusieurs jours
- Les éboueurs ont annoncé à la surprise générale la levée du blocage
- La pression dans un conflit qui s'enlise et qui agace les Marseillais pourrait expliquer ce revirement de situation.
Devant le siège de la Métropole d’Aix-Marseille-Provence, Monique Cordier, vice-présidente déléguée à la propreté, lance un appel aux quelque 200 salariés de l’entreprise de nettoiement Derichebourg, en grève depuis mercredi dernier pour demander le maintien d’une prime, diminuée selon eux depuis leur transfert d’une autre société. Ces salariés bloquaient en effet les centres de transferts des déchets de Marseille, empêchant la collecte des ordures.
Or, au même moment, ces mêmes salariés ont annoncé la levée du blocage sur plusieurs sites. Une annonce inattendue. « Rien à notre niveau ne le laissait présager, et nous étions heureusement surpris », confie la direction de Derichebourg. Pourquoi un tel revirement de situation ?
Le ras-le-bol des habitants. Les épisodes de grève des éboueurs sont légion à Marseille, et le sujet fait régulièrement l’objet de tensions. Le dernier en date remonte seulement à mars dernier. Au fur et à mesure des mouvements, la colère s’amplifie chez certains Marseillais. « Comme d’habitude, il y a des grèves, avec des pauses entre chaque », avance même Marie Bagnoli, commerçante dans le centre-ville marseillais, et vice-présidente de l’UPE 13 en charge du commerce et de la dynamisation des centres-villes. Selon elle, chaque grève représente un préjudice supplémentaire pour les commerces. Et de s’énerver : « Les commerçants ne sont pas là pour supporter un différent entre des salariés et une société ! »
« On a fait un effort pour arrêter de pénaliser tout Marseille », reconnaît Marc Dini, délégué CFDT chez Derichebourg. Et de confier : « Moi, à titre personnel, depuis le début, je ne suis pas vraiment pour le blocage. Ça ne sert à rien, car notre combat ne concerne pas les autres entreprises. Nous avons peut-être fait l’erreur de bloquer, mais maintenant tout le monde peut travailler. » En effet, la grève ne concerne au départ que les 15e, 16e et 2e arrondissements, dans lesquels opère Derichebourg, mais les salariés bloquaient l’accès aux centres de transfert des déchets vers l’usine de valorisation, entraînant la paralysie de la collecte des déchets dans tout Marseille.
Une situation de plus en plus tendue. Quand on l’interroge sur la levée de ce blocage, Bernard Pizzo, délégué Force Ouvrière, répond : « Vous savez, la police s’amassait un peu partout, et j’ai entendu dire que le préfet avait donné l’ordre de tout dégager ». Une rumeur que dément la préfecture de police, mais qui reflète la tension accrue ces derniers jours dans ce conflit. Dimanche en fin d’après-midi, le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin avait demandé l’intervention du préfet pour lever le blocage. La collectivité avait saisi la justice en référé pour obtenir l’intervention des forces de l’ordre et le déblocage des sites. L’examen de cette procédure était prévu mercredi matin devant le tribunal de grande instance.
En parallèle, des syndicalistes ont rapporté des épisodes de tension avec Derichebourg, sans que cette dernière ne confirme. Le tout sur fond d’opération coup de poing menée la Métropole. « Nous avions décidé de pas communiquer sur ces mesures jusqu’à aujourd’hui. Avec notre opération médiatique, on espérait faire pression pour que ça se débloque », explique Monique Cordier.
Un conflit qui s’enlise Les représentants syndicaux font valoir de leur côté une main tendue, afin de faire avancer un conflit dont on peinait à distinguer l’issue. « Maintenant, la balle est dans le camp de Derichebourg », a indiqué à l’AFP Tahar Ghali, représentant du personnel et gréviste, ajoutant : « Nous ne bloquons plus que notre centre », dans le 15e arrondissement. En attendant, la Métropole a assuré dans un communiqué de presse que ses services « se sont immédiatement mobilisés pour collecter les 4.500 tonnes de déchets présents dans les rues ». Et de préciser : « Les moyens des équipes de collecte seront renforcés (tournées supplémentaires…) pour enlever les ordures résiduelles encore présentes sur la chaussée et permettre un retour à la normale ce week-end. » Le mouvement de grève continue toutefois dans les 15e, 16e et 2e arrondissements.