VIDEO. Grève des éboueurs à Marseille: 2.500 euros pour quatre heures de boulot? Derichebourg contre-attaque

GREVE La direction de Derichebourg affirme que les conditions de travail des éboueurs en grève à Marseille sont plutôt confortables. Les éboueurs démentent...

Jean Saint-Marc
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Une femme prend une photo de tas d'ordures, à Marseille.
Une femme prend une photo de tas d'ordures, à Marseille. — B. Horvat / AFP
  • En grève depuis mercredi, les salariés de Derichebourg réclament le paiement d’une prime qui aurait disparu depuis qu’ils ont intégré la société, en septembre.
  • Une «incompréhension», selon Derichebourg, qui assure que rien n’a changé et pointe les conditions de travail «favorables» dont bénéficieraient les salariés marseillais.

Des salaires qui oscillent entre 2.250 euros et 2.530 euros bruts pour des journées de travail qui « dépassent rarement les quatre heures par jour ». Voilà comment la société Derichebourg décrit, dans un communiqué, les conditions de travail dont bénéficient les salariés du groupe à Marseille.

« Certains salariés quittent leur poste à minuit alors qu’ils sont payés jusqu’à 4 heures du matin, obligeant à engager des moyens de rattrapage », poursuit l’entreprise, qui a repris en septembre des contrats précédemment attribués à Veolia et Nicollin (et les salariés locaux).

Au sixième jour du conflit, cette déclaration façon « huile sur le feu » ne va pas d’apaiser la colère des 150 à 200 grévistes, qui bloquent les centres de transfert, ce qui interdit toute évacuation par train des ordures et empêche donc le ramassage dans toute la ville (Derichebourg n’est prestataire que sur les 2e, 15e et 16e arrondissements). Ils réclament le maintien de leurs anciennes primes. Leur employeur assure que le nouveau calcul est « plus avantageux pour eux » et qu’il y a « une incompréhension. »

« S’ils me donnent ce qu’ils disent dans le communiqué, je reprends tout de suite ! »

« On touche plus de 2.000 balles par mois ? C’est n’importe quoi », s’étrangle un ripeur qui souhaite rester anonyme, rencontré sur le piquet de grève. « Sans les primes je suis à peine à 1.600, et j’ai de l’ancienneté, poursuit cet homme, très en colère. S’ils me donnent ce qu’ils disent dans le communiqué, je reprends le travail tout de suite et je fais deux jours d’affilée ! »


Pas de démenti, en revanche, sur les horaires, les salariés que nous avons rencontrés confirment que le « fini-parti », tant critiqué par les élus et par les Marseillais, est toujours en vigueur chez ce prestataire privé. Denis Ferrandino est porte-parole CFDT des salariés de Derichebourg, qu’il représente lors des négociations collectives (sans travailler pour la société) : « Les Marseillais s’en font tout un monde, mais c’est juste logique dans notre profession. Ça a toujours existé dans le métier. Les gens pensent qu’on bâcle le travail, mais on ramasse ce qu’on a à ramasser. » Les horaires de travail varient au jour le jour et dépendent du programme des tournées. « Et le chef vérifie si les bonshommes ont bien ramassé », précise un éboueur.

« Fini-parti excessif »

Joint au téléphone par 20 Minutes, ce lundi après-midi, un responsable de la société assure que ce mode de fonctionnement laisse à désirer :

Disons qu’on serait moins gênés s’ils finissaient un quart d’heure ou une demi-heure plus tôt… Pas quatre heures, sur des journées de sept heures. A Marseille, il y a un fini-parti excessif, beaucoup plus important ici que sur nos autres sites. Mais on ne veut pas créer de polémique ni régler cette problématique-là, on veut juste recontextualiser ce qu’il se dit sur les conditions de travail des employés.

Aucune rencontre entre grévistes et direction n’a eu lieu ce lundi. « Je ne vois pas vraiment de sortie de crise », déplore cette même source, chez Derichebourg. Les grévistes ont demandé ce lundi une médiation de l’inspection du travail.