Législatives: «Je me retirerai de la politique les deux pieds devant!»... Mélenchon répond à nos lecteurs

INFO «20 MINUTES» Candidat aux élections législatives dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône à Marseille, Jean-Luc Mélenchon répond aux questions des lecteurs de « 20 Minutes »…

Propos recueillis par Adrien Max
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Jean-Luc Mélenchon le 13 juin 2017.
Jean-Luc Mélenchon le 13 juin 2017. — LEWIS JOLY / SIPA
  • Jean-Luc Mélenchon a bon espoir de pouvoir créer un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale avec la France insoumise
  • Il ne prévoit pas de se retirer de la politique, même si la relève est déjà là selon lui

Jean-Luc Mélenchon, le leader de La France insoumise et candidat dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône a accordé une interview à 20 Minutes. Une centaine de questions, quelques trolls, vous, lecteurs, avez posé vos questions à Jean-Luc Mélenchon, nous lui en avons soumis une dizaine.

Sur quels enjeux pensez-vous que la victoire va se jouer dimanche ?

Avant le premier tour, il n’y a eu aucun débat, ça a été une apologie permanente du gouvernement en place. Mais cette dernière semaine, des médias ont révélé des énormités comme le projet de destruction du Code du travail ou la mise dans le droit commun des mesures liberticides de l’état d’urgence. Même les gens éloignés de moi politiquement m’ont dit leur stupeur. Les gens découvrent que les candidats du « renouveau macroniste » ont déjà une expérience politique. A ceux qui ont ejectéLes Républicains et le PS, Macron propose un potage qui est le concentré des deux. Je vois venir un effet correcteur contre la vague Macron.

Allez-vous soutenir Najat Vallaud-Belkacem pour avoir le soutien de Patrick Mennucci, comme il l’a demandé ?

Je ne peux pas être l’homme qui, pour arranger ses affaires personnelles, va revenir sur un choix de fond. J’ai combattu Valls, Belkacem était avec lui et elle n’a jamais pris ses distances avec la loi Travail. Cette exigence est un signal de détresse de la part du PS. Ils ne s’attendaient pas à être foudroyés de la sorte. [Patrick Mennucci a décidé en retour de ne donner aucune consigne de vote].


Quels seront les thèmes que vous souhaitez porter lors de votre mandat de député, si vous êtes élu ?

Mes batailles seront le travail, l’éducation et la santé. J’y ajouterai des situations que Marseille met en évidence, comme le fait qu’il est injuste que la population et les collectivités locales portent sur leur dos le règlement des problèmes d’immigration. Je pense aux mineurs étrangers errants du département, c’est à l’Etat de s’en occuper.
Ici, on a des situations d’extrême urgence sociale et éducative qui justifie que l’Etat intervienne.

Jean-Luc Mélenchon et son « air mystérieux ».
Jean-Luc Mélenchon et son « air mystérieux ». - Adrien Max

Comment expliquez-vous avoir échoué à Hénin-Beaumont, et être en passe de réussir votre pari à Marseille ?

Ma candidature a eu une signification nationale à chaque fois. Nous pensions en 2012 que le cycle serait marqué par l’émergence du FN. J’ai voulu me porter en première ligne, mais cela a suscité une vague de jalousie. Pour le PS, le plus important était que j’échoue, sans prendre en compte Marine Le Pen.
Mon arrivée à Marseille est le résultat d’une réflexion nationale. Marseille est l’absente de la vie politique nationale. Il y a une vie locale intense, mais cette ville ne joue pas de rôle comme Lyon ou Lille à travers Gérard Collomb ou Martine Aubry. En se dotant de la parole d’un tribun, on peut donner un porte-voix à la ville. Ce que j’ai à dire correspond à la population de Marseille. On est fait pour s’épouser.

Est-ce que vous regrettez votre réaction le soir des présidentielles ou votre stratégie lors de ces législatives ?

Quand on rate le second tour à 1,78 point, qui aurait signifié ma présence et surtout l’élimination du FN, on peut comprendre que je ne sois pas souriant. Ensuite, le PS national a passé son temps à me diaboliser pour chaque mot. Il faut dire qu’il n’y avait aucun débat, donc ça occupait. Mais à la fin on a 74 candidats au second tour, eux 65. Donc ça n’a pas joué en leur faveur.
Pour autant l’abstention nous a frappé aussi. Nos électeurs sont jeunes, ils sont très réalistes. Pour eux, l’élection essentielle, c’est la présidentielle, alors qu’ils ont tendance à négliger les législatives. Les milieux populaires étaient abattus par le résulta ! Mais vous serez surpris de leur remobilisation au second tour.

Pensez-vous pouvoir constituer un groupe à l’Assemblée ?

Je l’espère bien. Je suis plutôt de nature optimiste. On a 74 candidats au second tour, il faut avoir 15 élus pour former un groupe. Si le peuple s’en mêle ce sera facile.


Pensez-vous que la pression sociale sera plus forte que la pression de l’opposition pendant ce quinquennat ?

L’un a besoin l’autre. Il y a des milliers de luttes mais elles sont mal connues et c’est rare qu’elles percent. Elles ont besoin de se savoir relayées par des porte-parole nationaux. Et la bataille dans le Parlement se nourrit de ces luttes. Le caractère monolithique des gens qui vont représenter La République en marche va renforcer l’indifférence sociale des élites. Les CSP + ne comprennent pas que les gens ne veulent travailler que 35 heures parce qu’ils ne savent pas ce que c’est d’être caissière. Le fait que le temps de travail soit négocié par entreprise ou au plan national, c’est un détail technique pour eux, alors que c’est déterminant pour la vie des gens.


Pensez-vous à prendre votre retraite politique ? Si oui, qui voyez-vous pour vous succéder ?

Non, je ne me retirerai de la vie politique que les deux pieds devant. Mon combat politique ne sera jamais fini, il a une signification philosophique. Je pensais qu’avec la présidentielle ça s’arrêterait, mais non. La relève est là, ça y est, et j’en suis fier, mais on ne choisit pas ses héritiers. Le triomphe du disciple est la gloire du maître. A Marseille, on va organiser nos forces. Notre obsession n’est pas la municipalité. Marseille peut produire autre chose que des équipes municipales. Ce sera le point de départ d’un processus de reconquête du grand Sud-Est contre le Front national.

Aujourd’hui c’est le début des épreuves du bac, beaucoup de nos lecteurs ont voulu évoquer ce sujet : que pensez-vous de son efficacité et son utilité ?

Le bac est important, c’est le premier diplôme et il donne accès à l’enseignement supérieur. Ça doit rester un diplôme national, dans le déroulement, dans la correction et dans le programme. Je ne veux pas des bacs à la carte. L’idée d’un contrôle continu n’a pas de sens. C’est l’un des arguments de ceux qui veulent créer un marché du diplôme privé. Ce serait comme le système américain, où la dette des étudiants est supérieure à la dette du secteur privé.