Marseille: Un arrêté préfectoral autorise l'euthanasie des goélands

ANIMAUX La municipalité entend répondre à certains de ses administrés qui se plaignent de nuisances sonores...

Mathilde Ceilles
Un goéland leucophée.
Un goéland leucophée. — F.Jiguet/MNHN

Voilà une décision qui va faire jaser certains. Le 12 janvier dernier, laDirection départementale des territoires et de la mer des Bouches du Rhône a pris un arrêté préfectoral autorisant l’euthanasie des goélands sous certaines conditions.

Plus précisément, le goéland leucophée est dans le viseur de cet arrêté. L’animal se voit reprocher « la fréquence et l’intensité des nuisances matérielles, sonores, olfactives, et d’ordre sanitaire », sans oublier le « sans-gêne » et la « détermination » dont il ferait preuve dans sa quête de nourriture.

Un vaporisateur pour détruire l’œuf 

Grâce à ce texte, les agents de la Métropole ont également l’autorisation de détruire les œufs, à l’aide d’un produit qui, une fois vaporisé, bouche les pores de la coquille et stoppe le développement de l’embryon. Le tout suivant un quota de « 500 spécimens maximum » sur quatre ans, précise l’arrêté préfectoral.

Déjà en vigueur l’année dernière, cet arrêté a été renouvelé sur demande de la municipalité. Une obligation compte tenu du fait que l’espèce est protégée. Par cette décision, la ville de Marseille entend répondre aux 270 plaintes sur le sujet récoltées via le service d’accueil Allo Mairie.

Nuisances sonores et fientes nocives

« Nous avions l’année dernière une centaine de plaintes, pas forcément belliqueuses, mais c’est le double cette année », justifie Guillaume Jouve, conseiller municipal délégué à la mairie de Marseille, qui admet toutefois que « ce chiffre reste faible à l’échelle de la deuxième ville de France. »

Outre « les nuisances sonores » que déplorent ses administrés dans leur majorité, l’élu pointe les « problèmes que produisent les fientes des goélands. Très agressives pour la pierre, elles abîment la toiture des édifices, sans compter leur caractère nocif sur le plan hygiénique. »

109 goélands euthanasiés en 2016

Pour Guillaume Jouve, « la mairie ne s’est pas lancée dans une campagne d’extermination » de l’oiseau, puisque sont euthanasiés seuls les animaux malades ou blessés qu’on ne peut pas soigner, après expertise d’un vétérinaire agréé. Ainsi, en 2016, sur les 24.000 goélands que compte la ville de Marseille, 109 ont été euthanasiés.

En revanche, la stérilisation -nom donné à la destruction des œufs via un produit chimique-, est « plus facile à envisager ». Objectif : « trouver un équilibre entre la présence animale et la présence humaine dans la ville ». L’élu pointe le caractère préventif de cette mesure qui vise à éviter une « surpopulation », au même titre que l’implantation de pics pour empêcher la nidation ou encore l’effarouchement sonore.

La LPO dénonce « une opération de communication »

Pour Philippe Bonnoure, administrateur de la Ligue de protection des oiseaux de la région Provences-Alpes-Côte-d'Azur, cet arrêté préfectoral est  « une « ne sert à rien ». Et pour cause : « le problème, c'est la propreté des villes, puisque cet oiseau se nourrit de détritus ». Pur la LPO, ce texte n'est « qu'une opération de communication ».

Des Marseillais divisés

La mesure ne laisse pas les Marseillais indifférents. « Si c’est pour lutter contre la surpopulation, pourquoi pas, mais si c’est pour contenter certains riverains, qu’ils se mettent dans une tour loin des goélands ! », s’indigne Nathalie. Son amie Hélène ne se dit « pas particulièrement gênée par les goélands, plus par les pigeons. Tout ça pour des nantis emmerdés par le bruit ! ».

La jeune Sandrine trouve la méthode « extrême et horrible ». Et la jeune fille d’ajouter : « Je suis originaire de la Seyne-sur-Mer. Nous avons le même type de problème mais nous n’allons pas jusque-là ! OK, c’est pas cool pour les carrosseries, les microbes, les bâtiments… Mais dès lors qu’il s’agit des animaux, on croit avoir tous les droits ! »