Stationnement anarchique, pas de pistes cyclables... En PACA, on ne va pas au boulot à vélo
MAUVAIS ELEVES Seuls 1,3% des Provençaux vont au travail à bicyclette...
En 2017, Marseille est la capitale du sport. Sera-t-elle aussi la capitale du vélo ? C’est plutôt mal embarqué. L’Insee publie ce mardi une étude qui révèle que ce moyen de transport est très peu utilisé dans les trajets quotidiens, dans la région Provence-Alpes-Côte D’Azur.
1,3 % des habitants (interrogés en 2015) vont au travail à vélo… Contre 1,9 % en moyenne en France. Même pour les trajets courts, le vélo reste au garage : seuls 2,3 % des Provençaux qui habitent à moins de cinq kilomètres du bureau prennent le vélo, contre 4,2 % en moyenne en France.
« Ça ne m’étonne pas du tout », commente Cyril Pimentel, coordinateur du collectif marseillaisVélos en ville. Pour lui, et notamment dans la cité phocéenne, c’est un problème de volonté politique. Certes, la ville a son service de vélo en libre-service façon Vélib, certes des aides sont parfois accordées aux habitants qui veulent investir dans un vélo électrique… Mais tout cela est vain tant qu’il n’y a pas plus de pistes cyclables.
Pas assez de pistes cyclables en PACA…
Selon le site collaboratif aménagements-cyclables.fr, il n’y a que 130 kilomètres de pistes aménagées pour les vélos à Marseille… Contre 313 kilomètres à Nantes, qui compte pourtant trois fois moins d’habitants. Si on compare région par région, ce n’est pas beaucoup plus glorieux : la Normandie, avec 1,7 million d’habitants de moins, compte 2.604 kilomètres de pistes cyclables, contre 2.026 pour PACA. Même l’ex-région centre est mieux équipée (2.115 km) que le sud-est de la France !
« On va s’améliorer », promettent les autorités. La présidente du Conseil départemental Martine Vassal compte créer plus de 400 kilomètres de pistes cyclables d’ici 2021 dans les Bouches-du-Rhône. « Il faut faire plus de pistes, c’est vrai, mais ce n’est pas seulement ça », nuance Jean-Pierre Serrus, vice-président de la métropole Aix Marseille Provence en charge des transports. Lui préfère parler « intermodalité » et garages à vélo à proximité des gares routières ou ferroviaires.
Pour développer le vélo, il faut aussi chasser la voiture
Aïe, c’est là que ça coince. Pour augmenter la pratique du vélo, les experts sont formels… Il faut que les voitures fassent de la place ! Et il faut rendre moins pratique l’usage de l’automobile. Concrètement, ça veut dire :
- plus de stationnement payant dans les centres-villes
- plus d’amendes contre les automobilistes garés n’importe comment (et c’est un peu une spécialité marseillaise).
« Les élus sont bien trop frileux pour ça… Vous ne verrez jamais un élu supprimer une seule place de parking », dénonce Cyril Pimentel. On a posé la question à Jean-Pierre Serrus, et effectivement, ce n’est pas au programme. Un peu embarrassé, l’élu répond qu’il « ne suffit pas de virer la voiture ». Il poursuit : « Il faut vraisemblablement une politique de régulation de la voiture, mais ça doit s’intégrer dans un projet global. Commencer par des moyens coercitifs, contre la voiture, je ne pense pas que ce soit la solution. »
En attendant, les (rares) cyclistes marseillais vont donc devoir continuer à slalomer entre les voitures garées sur les pistes cyclables et les passages piétons…