Marseille: Elle secoure les migrants en mer, l'association SOS Méditerranée lance un appel urgent aux dons
MIGRANTS•En neuf mois d'activité, le bateau de SOS Méditerranée a secouru 10.090 personnes...Basile Caillaud
Un symbole. Il est à peine 8 h samedi dernier, le 3 décembre, quand L’Aquarius, le navire de sauvetage de SOS Méditerranée vient au secours d’un canot pneumatique en détresse au large de la Libye. Le plancher de bois de l’embarcation a cédé, l’eau pénètre à l’intérieur.
Les 143 personnes à bord sont secourues et indemnes. Rien que sur ce premier week-end de décembre, les équipes de L’Aquarius procéderont à trois autres sauvetages. 496 personnes seront sauvées. Deux femmes, en hypothermie, ne survivront pas.
« Pas de saison pour les migrations »
Tel est le triste quotidien des bénévoles de SOS Méditerranée et de Médecins sans Frontières embarqués sur L’Aquarius. « Cette hémorragie n’est pas près de s’arrêter cet hiver », regrette Sophie Beau, directrice générale de l’association née à Marseille.
« Il n’y a pas de saison pour les migrations, poursuit-elle. Cet été, nous étions jusqu’à 11 bateaux de sauvetage à opérer sur l’axe Libye-Italie. Cet hiver, nous serons seuls. Nous le sommes déjà. » Les autres bateaux humanitaires sont rentrés au port pour maintenance, parce qu’ils ne sont pas adaptés pour naviguer l’hiver - contrairement à L’Aquarius - et par manque de moyens financiers.
Quatre millions d’euros par an
Côté finance, SOS Méditerranée a des moyens, mais ils sont limités. « Le dispositif est fragile, commente Jean-Yves Abecassis, bénévole. Si avant fin février, nous n’avons pas de nouveaux soutiens financiers, nous ne pourrons plus prendre en charge L’Aquarius. » La mission a un coût : une journée en mer, c’est 11.000 euros, un mois 330.000 euros. Pour tenir une année, SOS Méditerranée, qui fonctionne à 99 % avec des dons privés, a besoin de 4 millions d’euros. Seul 1% du budget provient des deniers publics. L’association lance un appel aux dons, « pour assurer notre mission en 2017 ». « Un euro donné, le lendemain c’est une vie sauvée », pointe Jean-Yves Abecassis.
Depuis le 26 février 2016, 10.090 rescapés ont été recueillis sur L’Aquarius puis conduits en Italie. La majorité de ces personnes sont en provenance de l’Afrique subsaharienne.