Nauticales: Mais que deviens-tu, Jean Galfione?
VOILE•L'ancien perchiste est le parrain de l'édition 2016 des Nauticales de La Ciotat...Propos recueillis par Christine Laemmel
Retraité du saut à la perche depuis 2005, Jean Galfione est désormais un skipper aguerri qui participera à sa deuxième Route du Rhum en 2018. Parrain du Salon Nautique de La Ciotat (Bouches-du-Rhône) du 1er au 10 avril, le champion olympique a accepté de parler perche et voile avec 20 Minutes.
Vous avez été médaillé d’or aux Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996. Ça fait 20 ans… Ça vous semble loin ?
(Rires). Oui, c’est d’un autre siècle. Depuis, il n’y a pas une journée sans qu’on m’en parle. Je resterai à vie sauteur à la perche et champion olympique.
Ça vous gêne ?
Si ma vie n’avait pas été construite avec autre chose depuis, ça m’aurait gêné. J’aurais refusé que tout ne dépende que d’une après-midi qui a bien marché, et encore, trois minutes. Mais là, je suis très fier.
Depuis, un autre nom est associé à la perche, celui de Renaud Lavillenie. Quel regard portez-vous sur lui ?
Franchement je ne pensais pas voir de mon vivant quelqu’un battre Sergueï Bubka, c’était tellement surhumain.
Vous avez sauté il n’y a pas longtemps pour un gala à Clermont-Ferrand. Ça vous arrive encore de sauter à la perche pour le plaisir ?
Un petit peu. J’essaie dans des petits clubs de Bretagne pour motiver les minimes, ou apporter des points aux interclubs. Ça me force à courir, à faire de la muscu, des choses essentielles dans ma vie de marin.
Il n’y a pas beaucoup de rapport entre le saut à la perche et la voile. Pourquoi avoir choisi ce sport comme reconversion ?
Des amis faisaient de la régate et m’ont proposé de monter sur les bateaux de course. J’avais la forme pour tourner les manivelles, pour me déplacer sur le bateau. Comme j’aimais la voile, j’acceptais facilement les tâches ingrates. Très vite, on m’a embarqué sur les bateaux de la Coupe de l’America. Le matin je faisais la préparation physique de l’équipage et après j’étais sur des postes de force à tourner les colonnes de winch et à soulever les voiles des soutes.
Vous avez commencé en 2007 avec des courses inshore, pourquoi avoir finalement choisi les courses au large ?
Quand la formule de la Coupe de l’America a changé [en 2010, les monocoques sont remplacés par des multicoques], les bateaux coûtaient plus cher et il y avait moins d’équipages. Je n’avais plus ma place. Régler une voile, il y en a qui savent faire ça mieux que moi. Et j’avais envie de voir ce qu’était le large.
Vous avez fini 18e en 2014 pour votre première Route du Rhum. Vous allez retenter l’aventure en 2018…
J’ai envie de commencer à gagner des coupes importantes. J’ai un meilleur niveau, j’ai plus d’expérience. Je n’ai pas juste envie d’être présent. Avant, l’important c’était d’apprendre le métier, maintenant, il faut que j’arrive à être performant.
Vous aurez bientôt été autant navigateur que perchiste, vous vous sentez plus l’un ou l’autre ?
C’est indissociable. Je serai toujours le sauteur à la perche qui fait de la voile. Je suis ambassadeur auprès de la Fédé, j’aide les entraîneurs et les athlètes. Je suis toujours perchiste dans l’âme et j’ai une vie parallèle de skipper, très prenante aussi.
Est-ce plus dur d’être reconnu en tant que marin quand on a brillé dans un autre sport ?
C’est à double tranchant. Ma carrière m’a ouvert des portes. Sauf qu’après, on a une responsabilité d’image. En France, on aime bien vanner, du coup les portes se referment, si sportivement ça ne suit pas. C’est pour ça que je me suis dit, « fais tes preuves sur l’eau et après tu trouveras des partenaires ». J’ai mis 5 ans avant d’en décrocher. Quand je me suis planté la première nuit sur la Route du Rhum, on en a beaucoup parlé. Si je n’étais pas reparti, je serai sûrement passé pour un con et ça aurait été normal. Plus le temps avance, plus je fais mes preuves.