RC Toulon: Qu’est-ce que le Protocole Commotion Cérébrale qu’a subi Matt Giteau ?
RUGBY L'international australien s'est salement fait bousculer pendant la finale du Mondial...
Tout en intronisant Quade Cooper au RC Toulon ce mardi matin, Mourad Boudjellal a fait une petite revue des troupes varoises de retour du Mondial. Le président a annoncé que Matt Giteau, compatriote de Cooper, devrait être sur la Rade dans les prochains jours. « Il est apte », a claironné Boudjellal. Quoi ? Seulement trois jours après s’être pris un énorme tampon qui lui a coûté la fin de la finale ? Le trois-quarts centre était en effet sous le coup du Protocole Commotion Cérébrale. Mais c’est quoi ce dispositif ?
C’est quoi une commotion cérébrale ? C’est un traumatisme crânien léger. Il fait suite à un choc à la tête ou sur toute autre partie du corps, qui entraîne un ébranlement du cerveau. C’est-à-dire lorsque la tête est freinée ou accélérée subitement. S’en suit un mauvais fonctionnement des cellules du cerveau. Au rugby, les chocs font partie du jeu. Les commotions cérébrales sont donc fréquentes. En 2013, la Fédération Française de Rugby estimait que deux commotions cérébrales se produisent par journée de championnat
Que risque-t-on après avoir subi une commotion ? Le danger, au rugby, c’est la répétition. Shautayne Hape, ancien joueur de Montpellier, victime d’une vingtaine de commotions cérébrales pendant sa carrière racontait en 2014, les conséquences de ces chocs. « Je ne me souvenais plus de mon code de carte de crédit, écrivait le Néo-Zélandais. Je ne supportais plus d’écouter de la musique. La lumière du soleil également était un problème. Je ne supportais pas mes trois jeunes enfants. »
A quoi sert le protocole ? A préserver la santé des joueurs sur le long terme. Le Protocole Commotion Cérébrale a été mis en place en 2012 par l’International Rugby Board (IRB) et appliqué la même année en Top 14 et Pro D2. En cas de suspicion de commotion, le joueur sort du terrain et est évalué par un médecin. La FFR liste des « signes évocateurs », comme des troubles du comportement, de la mémoire, de l’équilibre, de la vue. C’est le spécialiste qui détermine si le joueur est apte à retourner sur le terrain.
Comment vérifie-t-on l’étendue des dégâts ? Le joueur subit trois séries de tests appelés « Head Injury Assessement » (HIA). Les premiers sont effectués dès sa sortie temporaire du terrain (HIA 1). Les seconds trois heures après le choc (HIA 2). Les troisièmes 48 heures plus tard (HIA 3). Le joueur répond à des questions et effectue un exercice d’équilibre devant déterminer l’apparition de signes de commotion cérébrale.
Première série de tests du Protocole de Commotion Cérébrale de la FFR - FFR
Dans les 48 heures, le joueur doit consulter un neurologue. Selon son état, il devra observer une période de repos complet de trois jours à deux semaines. Le joueur passe ensuite par six paliers progressifs allant du retour à une activité physique douce à la compétition, en passant par du rugby sans contact.
Qu’est-il arrivé à Matt Giteau le soir de la finale ? Matt Giteau a eu la candeur de vouloir stopper Brodie Retallick. Heurté de face, l’Australien a été envoyé deux mètres plus loin par le monstre Black. Il atterrit sur le dos. En arrière-plan du ruck, on le voit trébucher, essayer de se relever, puis tomber à genoux à nouveau.
#rugby concussions can look so innocuous. Glad to see HIA protocols applied in the #RWC2015final for @giteau_rugby https ://t.co/fowEXSbVEi
— Paul Gilpin (@paulgilpin) November 1, 2015
Manifestant au moins un signe de commotion, la perte d’équilibre, Giteau quitte le terrain, pour suivre le protocole.
Pourquoi est-il déclaré « apte » au bout de trois jours ? Car la commotion du trois-quarts centre est dans la catégorie la moins grave recensée par le Protocole. Lorsque les symptômes disparaissent 30 minutes maximum après le choc, le joueur peut progressivement reprendre l’entraînement après un délai de trois jours. Ce mardi, soit plus de 48 heures après la finale, lorsque Mourad Boudjellal annonce l’aptitude de Matt Giteau, l’Australien a réalisé la batterie de trois tests prévus et a consulté un neurologue. Et heureusement pour le perdant de la finale, tous les voyants sont au vert.