Pollution du Vieux-Port: Un nettoyage «pas envisageable aujourd'hui» réagit la métropole

ENVIRONNEMENT Claude Picirillo, Président Délégué de la Commission des ports de plaisance et aéroport, auprès de Marseille Provence Méditerranée, a réagi à la vidéo de l'ONG Sea Sheperd...

Christine Laemmel
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Extrait de la vidéo de Sea Sheperd dans le Vieux-Port de Marseille
Extrait de la vidéo de Sea Sheperd dans le Vieux-Port de Marseille — Sea Sheperd

La vidéo a fait grand bruit hier. Dans le cadre de son opération Mare Nostrum, l’ONG Sea Sheperd a filmé le fond du Vieux-Port de Marseille. Chaises, barrières et vélos s’entassent sur deux mètres d’épaisseur. Au milieu, des poissons tentent de se dégager de vieux filets de pêche.

Rapidement partagées sur les réseaux sociaux, les images écoeurent partout en France. A Marseille, des habitants s’interrogent : mais que fait la ville ? Contactée par 20 Minutes ce mercredi, la mairie de Marseille s’est dégagée de toute responsabilité, pointant le rôle de la communauté urbaine Marseille Provence. Claude Picirillo, Président Délégué de la Commission des ports de plaisance et aéroport, auprès de Marseille Provence, a accepté de nous répondre.



Un curetage du port avorté en 2010

« C’est pas très beau, commente l’élu, nous aussi on fait des campagnes de sensibilisation et on a donné toute notre aide pour que l’association puisse filmer. Nous, on n'a rien à cacher. » Pas surpris par les images, Claude Picirillo avance son incapacité à résorber l’amoncellement. Sa priorité : stopper l’incivisme. « Une fois que la pollution est enrayée, nous verrons pour nettoyer, explique celui qui est aussi maire de Saint-Victoret. Aujourd’hui, ce n’est pas envisageable, parce que ça coûte une fortune. »

La métropole a bien essayé, il y a cinq ans. D’après l’élu, une tentative de curage des ports avait été entreprise. La principale opération devait avoir lieu près du fort Saint-Jean. « Une fois les eaux dépolluées, on voulait se servir des déchets pour faire des fonds de formes de routes. On n’a pas eu les agréments de l’Etat, déplore-t-il. Quand il y a de la pollution, il faut aller porter les déchets dans des endroits très précis. Et en plus, ça coutait une fortune. Si on fait supporter aux plaisanciers le prix de la dépollution, c’est inimaginable. »

Des hommes-grenouilles éboueurs une fois par an

Depuis, « on fait ce qu’on peut », lâche le responsable des ports. La métropole s’est rabattue sur des solutions moins onéreuses. Des campagnes globales de sensibilisation à la propreté et contre l’incivisme sont organisées. « Marseille est une grande ville et les gens ont le sentiment d’être anonymes, pense Claude Picirillo. 3.800 anneaux sur toute la ville, comment vous voulez tout gérer ? » Une journée dans l’année, « des hommes-grenouilles descendent dans les ports et ramassent le maximum de choses ». Et ça aussi, « ça coûte excessivement cher ». Pour assainir les eaux du littoral, un budget de 185 millions d’euros est prévu, étalé jusqu’en 2018. Mais celui-ci visera uniquement le rejet des eaux usées. Pour les détritus, il faudra compter sur la bonne volonté des Marseillais.