Marseille: Opération séduction des artisans taxis toujours en grève
SOCIETE Ils ont reconduit leur mouvement de grève...
Les taxis marseillais ont reconduit leur mouvement vendredi à Marseille, et se sont rassemblés autour du Conseil départemental, de la gare Saint-Charles et du parc du parc du 26e centenaire, laissant libre des voies de circulation. Depuis jeudi, ils sont en grève pour protester contre les applications mobiles de type UberPOP mettant en relation passagers et particuliers au volant de leur propre voiture.
De son côté, la préfecture annonce « intensifier le rythme des opérations de contrôle inter-services en ciblant les conducteurs UberPOP ». Les opérations de contrôle sont généralisées « dans les zones d’affluence de voyageurs et de touristes. Elles pourront conduire, dans certaines conditions sur autorisation du procureur de la République, à la saisie des véhicules des conducteurs exerçant cette activité illégale », souligne la préfecture.
Une fermeture de l’application ne peut résulter que d’une décision de justice
« Marseille, les premiers à partir en grève, les derniers à rester », sourit un artisan taxi. Déjà, début juin, plusieurs centaines de taxis s’étaient mobilisés à l’arrivée d’Uberpop dans la ville. La préfecture des Bouches-du-Rhône avait alors pris un arrêté rappelant « l’illégalité » des services « type UberPOP ». « Les conducteurs qui exerceraient illégalement la profession de taxi s’exposeraient à des sanctions pénales d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende », stipule l’arrêté.
Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, doit rencontrer de nouveau les taxis le 3 juillet. Jeudi, après avoir parler avec une délégation de chauffeurs marseillais, il avait écourté sa visite phocéenne pour recevoir les chauffeurs de taxis à Paris.
« UberPOP doit être dissous et déclaré illégal et la saisie des véhicules devra être prononcée et effectuée », a estimé jeudi le président de la République, François Hollande. Mais une fermeture de l’application ne peut cependant résulter que d’une décision de justice. Fin 2014, Uber a été condamné à 100.000 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Paris pour UberPOP. La société a fait appel.
« Aujourd’hui, nous demandons au gouvernement d’accélérer la décision de justice pour faire fermer l’application », explique Rachid Boudjema, le secrétaire général du syndicat des taxis marseillais et de Provence (STM, devant le parc du 26e centenaire.
Journée noire jeudi sur la route
Jeudi, les grévistes ont bloqué l’accès de l’aéroport de Marignane et ont manifesté dans le centre-ville, créant ainsi des kilomètres de bouchons et se sont mis à dos les automobilistes coincés des heures dans les bouchons. En fin de journée, place Castellane, le rassemblement a même dégénéré. Des échauffourés se sont produits entre manifestants et police. Les forces de l’ordre ont envoyé des lacrymogènes pour empêcher les taxis de se rendre en préfecture.
« En dépit du dispositif de circulation qui sera mis en œuvre pour contenir ces rassemblements, la circulation dans le centre-ville de Marseille, d’Aix-en-Provence, et dans le périmètre de l’aéroport de Marignane devrait être fortement impactée », souligne ainsi la préfecture de police dans un communiqué publié vendredi.
« On veut expliquer aux gens qu’on est des gentils »
Une centaine d’artisans taxis ont levé les barrières du péage Prado Carénage pour faire passer gratuitement les automobilistes. Les voitures étaient saluées par les « olé » bruyants des taxis.
#Marseille opération peage gratuit des #taxi à la sortie du tunnel Prado Carrenage pic.twitter.com/iolieHn6wJ
— Stephane Burgatt (@S_Burgatt) June 26, 2015
« On veut expliquer aux gens qu’on est des gentils, souligne un manifestant. On se bat pour le respect de notre travail, il n’y a rien de plus normal. On a acheté nos licences 120.000 euros, on paye des assurances, etc. Et un autre service illégal arrive avec des chauffeurs sans formation qui ne payent ni cotisations, ni impôts, et qui ne sont pas assurés professionnellement. Alors, c’est qui les méchants ? », dénonce-t-il.
« On n’a pas bonne presse alors on fait des actions auprès du public : certains collègues font des courses gratuites aussi, raconte Jean-Luc Mauro, taxi depuis 1994 et président du syndicat Alliance FTI 13. Par exemple, jeudi soir, un taxi a transporté une femme enceinte gratuitement depuis la gare Saint-Charles ».
En fin de matinée, quelques dizaines de taxis ont aussi distribué des tracs pour expliquer « le combat contre la concurrence sauvage » de l’application mobile. Avec des roses, s’il vous plaît.
Distribution de roses par les taxis marseillais pour s’excuser de la gêne occasionnée #UberPop #Marseille pic.twitter.com/XMDBFHflrq
— Mickael Flores (@mickaelflores) June 26, 2015