Marseille: Les salariés de La Mède hésitent entre la grève et le «nouveau départ»
ECONOMIE Total a annoncé jeudi une restructuration de sa raffinerie située à Martigues. Elle sera désormais tournée vers les biocarburants...
Total a annoncé jeudi lors d’un comité central d’entreprise (CCE) à Paris une restructuration radicale de sa raffinerie de La Mède, à Martigues. Comme annoncé il y a plusieurs semaines, le site, construit dans les années 30, ne traitera plus de pétrole brut mais des huiles (de palme, de récupération…) destinées au gasoil. Le groupe a promis d’investir 200 millions d’euros pour adapter l’appareil industriel. Ce sera la première raffinerie en France à produire des biocarburants.
La mauvaise nouvelle, maintenant. Total a également annoncé lors du CCE la suppression de 180 postes sur un total de 450. Mais il n’y aura pas de licenciement sec, a assuré jeudi la direction. «Il y aura des départs à la retraite, des retraites anticipées et des préretraites. Il est également prévu de la mobilité vers d’autres sites du groupe, ainsi que des aides à la création d’entreprise et à la reconversion», détaille François Wioland, délégué CFE-CGC.
Demande d'une expertise
Après l’annonce officielle de ce plan de restructuration, la CGT a aussitôt lancé une grève sur le site, bloquant en partie les «expéditions». «178 suppressions de postes [la direction en annonce 180], c'est inacceptable et un investissement de 200 millions d'euros, ça peut paraître important mais dans l'industrie, on ne fait pas grand-chose, et certainement pas un projet industriel pérenne», a déclaré Rachid Medhi, l'un des représentants de la CGT.
En revanche, Force Ouvrière n'a pas rejoint le mouvement. Ni la CFE-CGC qui voit plutôt ce projet comme une opportunité. «Nous regrettons bien sûr les suppressions de postes mais notre premier objectif est de pousser la direction à proposer un projet viable, explique François Wioland. Avec la demande qui se développe, la filière des biocarburants va certainement augmenter en volume. Nous voulons croire que c’est un nouveau départ.»
La CFE-CGC a demandé la nomination d’un expert indépendant pour examiner la viabilité économique du projet de transformation de la raffinerie. Il devrait être nommé dans deux ou trois semaines. «Si les perspectives se confirment, ce site aura de l’avenir, assure François Wioland. Nous sommes au cœur d’une zone industrielle qui a de la valeur. Cela doit le rester. Ne devenons pas uniquement une terre de tourisme.»
Le plan de prévention des risques technologiques suspendu
Quelques heures après l’annonce officielle du plan de restructuration de la raffinerie de La Mède, le préfet de région, Michel Cadot, a suspendu pour six mois l’application du Plan de prévention des risques technologiques (PPRT) sur les communes de Châteauneuf-les-Martigues et Martigues. Le PPRT devait entraîner des expropriations et obliger les habitants à de lourds travaux de protection de leur logement, déclenchant des mouvements de protestation des riverains de la zone industrielle. «Le préfet a demandé au groupe Total de transmettre, sous six mois, un dossier complet permettant de définir les modifications envisagées, en particulier sur la base des études de dangers associés», précise un communiqué de la préfecture.