Les épaves, toute une histoire

Caroline Delabroy
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Les traces du Chaouen, mystérieusement échoué en 1970 sur Planier.
Les traces du Chaouen, mystérieusement échoué en 1970 sur Planier. — Luc Vanrell


La peur et l'excitation. Plongeuse sous-marine à ses heures, la journaliste Valérie Simonet se souvient de cette double émotion ressentie en entrant dans les cales du Chaouen, un cargo chargé d'oranges qui s'est échoué sur Planier en 1970. «Ces épaves me font rêver, il y a quelque chose de l'enfance, de la chasse au trésor, cela fait marcher l'imagination», déclare-t-elle. Rien d'étonnant donc de la voir signer ces jours-ci, avec René Heuzey, un documentaire intitulé L'histoire engloutie sous la mer*.



«Une portion de vie»



Plus de 200 épaves jalonnent la rade de Marseille. Le film s'attarde sur les plus  emblématiques. «Une épave ne nous intéressait qu'à partir du moment où elle avait quelque chose à raconter sur l'histoire de ce port de commerce vieux de vingt-six siècles», précise Valérie Simonet.

Se détachant de toute chronologie, le ton est tantôt cocasse, tantôt plus dramatique. L'épisode de la peste, qui a décimé en 1720 plus de la moitié de la ville, est conté à travers la destruction du Grand Saint-Antoine. Le directeur de fouilles de ce navire maudit a réussi à mettre la main sur l'identité précise des personnes qui ont sans doute amené la peste à Marseille.

Car le film s'attache à donner la parole à ce peuple de la mer, plongeurs, archéologues et autres passionnés qui font vivre cette histoire. Serge Ximénes est l'un d'eux. Tout jeune, il a trouvé le Tiboulen de Maïre, un navire de commerce romain du IIe siècle. «Une épave, c'est une portion de vie qui s'arrête brusquement, explique-t-il. Dans ce bateau, on a même trouvé le squelette d'un chat.»

■ La terrible chronique du naufrage du ■ Liban

Ce jour de juin 1903, la mer est plate, le beau temps au rendez-vous.  Une erreur de navigation va pourtant coûter la vie à 97 passagers du Liban.  Ce navire quittait Marseille pour faire route vers Bastia lorsqu'il a percuté  un autre bateau, de la même compagnie. Les réalisateurs ont retrouvé  les descendants de l'armateur, des archives vidéo de récits de survivants ainsi que des articles du Petit Provençal faisant la chronique de ce drame.