A vis, en liège, synthétique... Quelles différences y-a-t-il entre les bouchons?

Pratique En liège, en synthétique ou à vis, les différents types d’obturateurs vous font tourner la tête…

Stella Devin
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En France, 8 bouteilles sur 10 sont bouchées en liège.
En France, 8 bouteilles sur 10 sont bouchées en liège. — 20 minutes - Magazine

Nous connaissons tous le traditionnel bouchon en liège, celui qui fait «plop» lorsqu’on ouvre une bouteille, celui qui les connaisseurs n’hésitent pas à sentir pour vérifier la qualité du vin, celui qui bouche les bouteilles depuis le premier siècle avant notre ère. Selon les chiffres d’Euromonitor à l’échelle mondiale, 70% des bouteilles sont bouchées au liège. Mais ce dernier est concurrencé par son cousin en matière synthétique apparu il y a une vingtaine d’années et son ennemi à vis créé dans les années 1970. Loin des idées reçues, des professionnels nous éclairent sur les qualités et les défauts du trio.

Aérer mais pas trop

La différence qui saute tout de suite aux yeux entre ces trois types d’obturateurs, c’est leur matière première. Les bouchons synthétiques peuvent être en plastique, «mais aussi en canne à sucre bio», comme le rappelle Sandrine Goeyvaerts, caviste en Belgique et fondatrice du site La Pinardothèque. Les capsules à vis sont le plus souvent en aluminium et les bouchons dits classiques sont issus de l’écorce des chênes lièges.

La principale fonction que doit remplir un bouchon est de fermer de façon hermétique une bouteille pour éviter les fuites. Cependant, afin que le vin respire et entame son processus de vieillissement, il doit malgré tout laisser passer un peu d’air. Ce phénomène s’appelle l’oxydoréduction. Pour Christophe Sauvaud, directeur général d’Amorim France et président de la Fédération française du liège, le bouchon historique «présente les meilleures garanties en matière de condition de vieillissement du vin». Il rappelle d’ailleurs qu’en France, 8 bouteilles sur 10 sont bouchées en liège.

Les bouchons à vis ont encore mauvaise réputation. - © Martin Lee/Rex Featur/Sipa


Des conservations différentes

Selon Christophe Sauvaud, «le bouchon en synthétique laisse passer trop d’air. A l’inverse, le bouchon à vis est trop hermétique». Mais Sandrine Goeyvaerts n’est pas de cet avis, «les joints qui sont mis sur les bouteilles avec capsule à vis permettent une micro-oxygénation». Sandrine Goeyvaerts pointe le problème du «goût de bouchon» engendré par la présence d’une molécule dans le liège.

Mais Christophe Sauvaud balaie cet argument d’un revers de main: «Aujourd’hui, chez Amorim, la matière première est traitée pour faire disparaître cette molécule. Moins de 1% des bouchons en sont encore atteints.» En revanche, pour lui, ce sont les bouchons à vis qui peuvent altérer le goût du vin. Concernant les capacités des obturateurs en matière de conservation du vin, les deux experts s’accordent à dire que le bouchon en liège offre de meilleures possibilités que son cousin en synthétique. En revanche, si la capsule à vis reçoit les faveurs de Sandrine Goeyvarts, Christophe Sauvaud vante toujours la supériorité du liège.

Tous les prix

Côté coût de production, la vis et le synthétique ont les faveurs des petits budgets. Mais, contrairement aux idées reçues, le liège n’est pas forcément beaucoup plus onéreux. Il existe de nombreux types de bouchons en écorce donc la gamme de prix varie énormément, comme l’explique Christophe Sauvaud: «Il y a un rapport de 1 à 100 entre l’obturateur le moins cher et le plus cher. Mais son prix moyen est de 10 centimes.»

Pour la caviste belge, «le plus gros problème du bouchon à vis, c’est son image. Les consommateurs l’associent à un vin bon marché, alors que ce n’est plus le cas aujourd’hui. Mais, psychologiquement, ça bloque.» Le président de la fédération française du liège rappelle, de son côté, que de nombreuses études ont été menées, dans différents pays, qui démontrent que le bouchon en liège est un argument de vente et un critère de choix. En France, selon une enquête Ipsos, 89% des amateurs de vin préfèrent le bouchon en liège. Il a donc encore de beaux jours devant lui…