True Blood, une série de vampires avec un message humain
ANALYSE – On aime True Blood pour ses excès. Mais au-delà du sang, du sexe et des sentiments en tout genre, la série est aussi une ode au «vivre ensemble».
Dans True Blood la température chaude et moite de la Louisiane est une invitation au sexe, au pouvoir et au sang. Alan Ball, créateur de la série et de Six Feet Under, pose dès le générique le cadre dans lequel les personnages vont évoluer.
La Louisiane des bayous, du vaudou et du surnaturel, un Sud conservateur au quota élevé de fondamentalistes religieux, associé à l’esclavage, au Ku Klux Klan et à la ségrégation accueille l'intrigue. Et c'est ainsi qu'en filigrane, une trame commune à toutes les saisons se met en place, celle de l’acceptation de l’autre.
Au-delà des apparences
Le Tru Blood, ce sang synthétique mis au point par des scientifiques japonais, permet aux vampires, qui se cachaient auparavant aux yeux du monde, de faire leur coming out parmi les humains. Mais cette coexistence n'a de cesse d'être mise à mal.
Pour Adrien Party, webmaster de vampirisme.com, «True Blood dégage un message plutôt positif. Elle parle avant tout d’intégration.» Celle des vampires et des humains, mais aussi de tous ceux qui sont mis de côté par cette société trop bien-pensante.
Car derrière les ennemis, les héros se retrouvent tous confrontés à des choix qui les font basculer soit du côté de la tolérance soit du côté du racisme. «Les vampires sont une excellente base pour parler des diverses problématiques de la société», poursuit Adrien Party.
La petite ville de Bon Temps regorge de stéréotypes. Mais pas de ceux qui lassent, plutôt de ceux qui nous font réfléchir. «Si True Blood ne renouvelle pas le genre, elle assume totalement la métaphore qu'elle utilise. Car sous un scénario qui pourrait sembler convenu, il y a un réel travail sur les clivages de la société, les préjugés et l'hypocrisie. Un parti-pris acide qui donne un résultat grinçant et carrément jouissif», confie Léa Silhol, écrivaine.
Des personnages complexes
D’un côté, on a des humains intolérants et monstrueux comme René Lenier, de son vrai nom Drew Marshall, qui hait les vampires et tue toute personne qui couche avec eux. Ou encore Steve et Sarah Newlin, fondateurs de la Confrérie du Soleil, qui, au nom de Dieu, éradiquent les buveurs de sang. Sans oublier, Maxine Fortenberry, parfait exemple de la redneck.
De l’autre, des vampires extrémistes et eux aussi monstrueux comme le roi du Mississippi persuadé en la supériorité de sa race.
Face à eux, Bill Compton et Jessica s’accrochent désespérément à leur humanité tout en demeurant des prédateurs. D’autres comme Sam Merlotte, le patron du Merlotte's, un métamorphe, qui cache aux autres humains et aux créatures surnaturelles, sa véritable nature de peur d'être rejeté.
Lafayette, noir et homosexuel, évolue, quant à lui, dans un univers emprunt d’un quotidien raciste et homophobe. De même que sa cousine Tara qui, bien qu’elle lutte contre ces idées d’un autre temps, est elle-même remplie de beaucoup d’a priori.
Sookie, héroïne anti-préjugés
Et si Sookie est au final l'héroïne de la série, c'est parce qu'elle se bat contre tous ces préjugés et cette inimitié. Elle aussi est différente – une fée qui lit dans les pensées – et incomprise parce qu'elle est humaine qui tombe amoureuse des vampires et des loups garous.
Mais à la différence des autres refuse de succomber à la haine. Elle est à elle presque à elle seule la messagère de la trame de True Blood: un hymne à la tolérance.
Marianne Clonta
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La septième et ultime saison de True Blood est en vente en DVD à 39,99 € et en Blu-Ray à 49,99 €.