Entre le bio et ces éleveurs, c'est l'amour vache

Rédaction 20 Minutes
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Contrairement au lait normal en brique, celui des Bortolotti n'accrocherait pas à la casserolle...
Contrairement au lait normal en brique, celui des Bortolotti n'accrocherait pas à la casserolle... — credit magazine

TEMOIGNAGE -  Eleveurs laitiers dans la région bourguignonne, les Bortolotti ont pris le virage du bio en 1997. Aujourd'hui, ils ont le sentiment d'avoir fait le bon choix. Explication.

Lui était originaire de Côte-d’Or et elle de la commune où se situe leur exploitation. C’est en 1983 qu’Elisabeth et Eric Bortolotti se sont installés à Auxy, entre Autun et Le Creusot en Saône-et-Loire. Leur exploitation est située sur un plateau où la bise – le vent du Nord – souffle souvent. Il refroidit l’atmosphère, mais il n’a jamais eu raison de leur enthousiasme.

«On a commencé avec 11 vaches laitières et 15 vaches allaitantes.» Le jeune couple avait misé sur la race montbéliarde. Et il y a 30 ans les belles montbéliardes n’étaient pas légion dans le sud de la Bourgogne. «Oui mais cette race est mieux adaptée à nos pâturages et  son lait est beaucoup plus riche en protéines, et plus gras aussi», expliquent-ils.

Aujourd’hui, c’est officiellement Mathieu, le plus grand des enfants qui dirige l’exploitation qui s’étend sur 111 hectares. Il travaille avec ses parents, mais de moins en moins souvent avec son père, président très actif de la coopérative laitière de Bourgogne.

«Nous sommes 7 éleveurs sur 60 à produire du lait bio»

Les Bortolotti sont à la tête d’un troupeau de 120 têtes dont 60 génisses.  «Nous avons un quota laitier de 300 000 litres par an», indique Matthieu. C’est à partir de 1997 que l’exploitation a commencé à prendre le virage du bio. «On est passé exclusivement à l’herbe. On a arrêté l’ensilage du maïs, car non seulement il fallait beaucoup d’eau, mais il fallait aussi, chaque année, de plus en plus de désherbant», souligne Eric Bortolotti.

C’est avec le Grenelle de l’environnement que la décision de passer au bio a été prise. «C’était une opportunité, mais c’était aussi la volonté de quelques membres de la coopérative. Nous sommes sept sur soixante à produire du lait bio.» Celui-ci est acheté par Biolait, à raison de 2,8 millions de litres par an.

Quand ils regardent le prix d’achat de leur lait : 460 euros les 1000 litres en bio, contre 375 euros pour le lait traditionnel, les Bortolotti ont le sentiment d’avoir fait le bon choix. «Et puis le fait que le lait soit mieux payé a permis l’installation de notre fils», relèvent les parents.

«Travailler en harmonie avec la nature»

Quand ils se rappellent leur mutation vers le bio, ils n’ont pas souvenir de problème particulier. «Juste une chose : Comme on doit élever nos génisses, ça demande du foncier supplémentaire. Mais à côté de cela, avec l’installation de Mathieu, on est devenu autonome en céréales.»

Les parents et le premier de leur fils, en attendant que le second les rejoigne après ses études, sont heureux de «travailler en harmonie avec la nature».

Elisabeth a aussi décidé de développer la vente en circuit court. Elle a été la première à obtenir un agrément des services vétérinaires pour vendre le lait en direct. C’était en 2010. Depuis les clients sont fidèles, sur la base de 5000 litres à l’année.

Un lait de meilleure qualité?

Des clients qui apprécient la qualité. «C’est bien simple, quand on fait chauffer le lait des Bortolotti, il n’accroche pas à la casserole, au contraire du lait en brique acheté dans la grande distribution», relève Alain, qui fait ses yaourts.

Adepte de nouvelles solutions de distribution, Eric Bortolotti a aussi convaincu les adhérents de la coopérative laitière de Bourgogne de se lancer, il y a un an, dans la production de yaourts. Avec des concepts innovants… Pêche/Pêche de vigne, Cerise/Griotte, Framboises/Cassis… La production atteint aujourd’hui les 40 000 pots à la semaine, écoulés principalement par la grande et moyenne distribution en Côte-d’Or et en Saône-et-Loire.

«Par contre, nous sommes déçus des collectivités. On nous avait promis des achats, mais dans les lycées comme dans les collèges, ce sont les gestionnaires qui décident, et non pas les élus.» Rien de grave cependant, car les consommateurs eux plébiscitent les yaourts produits en Bourgogne, avec du lait de Bourgogne.

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Romain Piermary