Label ou appellation, une aide pour savoir quoi mettre dans nos assiettes?
ECLAIRAGE - Entre AOP, AOC, IGP et autres signes de reconnaissance alimentaire, il n’est pas toujours facile de s’y retrouver dans cette jungle. Retour sur leur utilité et leurs limites.
En France, il existe cinq signes officiels reconnus par les pouvoirs publics et contrôlés par des organisations indépendants. «Leurs objectifs sont différents mais leur but commun est d’identifier les produits pour les consommateurs», estime Jean-Luc Dairien, directeur de l’Institut nation de l’origine et de la qualité (Inao) qui distribue ces cinq appellations.
«Il ne faut pas tenir compte des autres signes qui ne sont pas officiels», ajoute Olivier Andrault, chargé de mission alimentation à l’UFC Que Choisir. Ces derniers doivent comporter un cahier des charges, un organisme certificateur, un certificat de conformité et une homologation.
Des signes contrastés
Tous désignent des critères de qualité, et certains d’origine, qui sont regroupés dans un cahier des charges. «Un vin ayant obtenu une appellation d’origine contrôlée (AOC) a une définition précise du cépage, du périmètre de production et de l’espace d’écartement entre les vignes», cite par exemple le directeur de l’Inao. L’AOC indique que toutes les étapes de fabrication, de production et de transformation d’un produit sont dans une même zone géographie, et l’AOP est son équivalent européen.
Quant à l’indication géographique protégée (IGP), c'est aussi un signe européen mais il suffit qu'une seule étape ait lieu dans la zone géographique indiquée. «L’IGP est une indication d’origine plus large, sur une plus grande surface donc beaucoup de producteurs, comme en viticulture, la privilégient», observe Olivier Andrault de l’UFC-Que choisir. Ainsi, l’utilisation du mot « Bordeaux » pour les vins est devenue un terme générique.
«Le signe Agriculture Biologique signale, lui, des conditions de production de culture respectueuses de l’environnement», explique Jean-Luc Dairien. Mais pour Olivier Andrault, ce cahier des charges pourrait progresser: «Il y a une obligation de résultats mais pas de moyens comme par exemple l’utilisation d’engrais naturels.»
Une signature tendance
Le nombre de producteur demandant la reconnaissance d’un produit est variable selon les projets et leur démarche est complètement volontaire. «C’est assez long parfois et cela peut prendre plusieurs années car c’est exigeant», rappelle le directeur de l’Inao. Retirer une appellation est «extrêmement» rare, mais il faut parfois «ôter une partie des lots» car «il y a de plus en plus d’erreurs».
S’il n’est pas toujours facile d’obtenir cette signalisation, Jean-Luc Dairien reconnaît que c’est dans l’air du temps: «Il ne faut pas être naïf, une partie des consommateurs veulent de la qualité et connaître l’origine du produit, c’est tendance.» Pour autant, l’Inao ne considère pas que ses critères sont au rabais.
Un marketing de qualité efficace
Pour le responsable de l’UFC-Que Choisir, «il y a aussi un intérêt pour les petits producteurs car c’est une reconnaissance marketing.» Un atout que certains producteurs n’hésitent pas à revendiquer. Lionel Dosne, producteur de Chaource, un fromage reconnu AOP, considère que «pour un producteur, c’est une notoriété sur laquelle on rebondit directement». Il constate que certains de ses collègues peinent plus à se faire connaître dans cette petite filière sans appellation.
Mais ce n’est pas toujours facile de faire un fromage reconnu: «Cela a aussi un coût lié à la charge technique et nous avons des obligations de production pour les contrôles.» Huit fois dans l’année, Lionel Dosne doit être présent pour une dégustation de l’organisme certificateur. «C’est une pression au quotidien mais nous avons atteint un niveau plus élevé de rentabilité pour notre fromage», souligne-t-il. Avant d’ajouter: «On ne peut pas avoir les avantages sans les inconvénients.»
Colette Dupuis