Pourquoi les langues régionales séduisent de plus en plus de jeunes
SOCIÉTÉ François Hollande veut ratifier la charte européenne des langues régionales ou minoritaires...
Non, les langues régionales ne sont pas mortes! Depuis quelques années, les jeunes sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à leurs langues régionales. En 2000, 6.000 élèves bretons étaient scolarisés dans des filières bilingues. Aujourd’hui, ils sont 14.000. Mais la croissance du breton ne se résume pas à cela.«Ce qui fonctionne bien, ce sont les formations longues, de six mois, et durant lesquelles les jeunes font 35 heures de breton», se félicite Fulup Travers, responsable de l'antenne Ille-et-Villaine de l’Office public de la langue bretonne.
Des tatouages éphémères en alsacien
En Alsace, le nombre de locuteurs est toujours important: environ un tiers de la population alsacienne. Selon l’Office pour la langue et la culture (OLC) d’Alsace, les jeunes s'intéressent de nouveau à la langue locale, par des moyens originaux. Lors d’un festival de culture urbaine, l’OLC a ainsi tenu un stand de tatouages éphémères en alsacien. «Il n’a pas désempli», assure Bénédicte Keck, chargée de mission. «La perception de l’alsacien est très positive, même si les jeunes ne vont pas forcément devenir locuteurs.»
Des emplois pour les jeunes bilingues
Le sud de la France connaît une dynamique similaire. «Les jeunes occitans se réunissent de plus en plus, notamment pour faire du cantèra, du chant occitan. Avant, on ne voyait jamais ça», estime Sylvain Pujol. Le jeune homme termine son master pour devenir professeur des écoles en occitan. La langue régionale est aussi une opportunité d’emploi. «J’ai vu passer l’offre d’une compagnie théâtrale, qui se montait à Brest, et qui cherchait une chargée de production bilingue en breton», raconte Aline, 24 ans.
Samuel Grolleau constate aussi cet enthousiasme. L’homme de 28 ans est animateur sur Radio Lenga d'Oc, exclusivement en occitan. La station revendique 12.000 auditeurs par jour, pour environ 110.000 locuteurs bilingues occitan. «Le public de notre radio est jeune, assure-t-il. Les programmes sont axés vers ma génération. Par exemple, on vient de créer une chronique web sur les nouvelles technologies.»
Transmettre en famille par-delà les générations
Malgré cette perception positive des langues régionales, les locuteurs sont en baisse. Alors l’OLC d’Alsace met l’accent sur la transmission. «On encourage les parents à parler alsacien avec leurs jeunes enfants, et aussi les grands-parents qui n’ont pas fait l’effort avec leurs enfants et veulent se rattraper avec la nouvelle génération», explique Bénédicte Keck.
La charte européenne des langues régionales ou minoritaires, votée en 1992 mais toujours pas ratifiée en France, ne suffira cependant sans doute pas à inverser la tendance. Les langues régionales sont encore davantage utilisées par les personnes âgées. Ainsi, la langue alsacienne est parlée par 74% des 60 ans et plus, contre seulement 12% pour les 18-29 ans, selon des chiffres de l'OLC.
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