La colocation met le Kaps vers le social

location Des étudiants vivent ensemble autour d'un projet social, une solution économique qui favorise une bonne cohésion...

Thomas Weill
Nicolas, Matthis, Laure et Lucie sont kapseurs depuis cette année, dans le même immeuble mais pas la même colocation.
Nicolas, Matthis, Laure et Lucie sont kapseurs depuis cette année, dans le même immeuble mais pas la même colocation. — 20 minutes - Magazine

«Le ratio d’offre et demande sur les colocations est de 1 pour 7 à Paris, il a augmenté de 20% en un an.», constate Albin Serviant, directeur général du site immobilier de colocations appartager.com. Les propriétaires, encore peu emballés par le concept, appréhendent notamment de louer leur bien immobilier à des étudiants. Heureusement, ces derniers bénéficient d’une autre solution, la colocation solidaire.

La Kolocation à projets solidaires (Kaps), est un programme mis en place par l’Association de la fondation étudiante pour la ville (AFEV). Développé en 2010, le Kaps réunit des étudiants de moins de 30 ans en colocation, afin qu’ils mènent ensemble une action de renforcement du lien social. Les jeunes habitent dans des logements sociaux ou au CROUS, comme c’est le cas à Paris, au sein de quartiers populaires où ils vont concentrer leur action.

«Un échange extrêmement riche»

Qu’est-ce que le Kaps a de plus qu’une colocation normale? «On se retrouve avec des personnes qui ont une implication associative, des intérêts pour agir. Chacun de notre côté, nous avons un terrain d’engagement. L’échange est donc extrêmement riche.», commente Juliette Alouis, kapseuse pendant 2 années scolaires, de 2012 à 2014.

La jeune femme de 25 ans habite aujourd’hui encore en colocation, classique cette fois-ci. D’après elle, «nous n’avons pas de projet à porter ensemble, et nous avons donc moins de sujets de conversation, moins d’accroche. Cela se fera peut-être mais dans le plus long terme».

Outre l’intérêt social évident, le Kaps semble être un terreau fertile pour une colocation qui fonctionne. Matthis, kapseur depuis ce début d’année scolaire, considère que «la colocation donne une constance à l’engagement social. Aujourd’hui, dans les zones urbaines, nous n’avons plus l’habitude de vivre avec les autres. Avec le Kaps, nous pouvons connaître nos voisins, avoir une vie de quartier, tout comme la colocation en elle-même permet de partager quelque chose». Et Nicolas, autre kapseur de l’année, de renchérir: «Tout le monde se retrouve derrière un même projet, il y aura donc forcément des points communs.»

Economie de partage

«La raison numéro 1 de vouloir habiter en colocation reste budgétaire. Cela représente une économie de 30% par rapport à une location classique.», analyse Albin Serviant. Economique aussi le Kaps, puisque le directeur d’appartager.com estime que «le projet s’inscrit dans la logique d’économie de partage. On trouve de plus en plus d’annonces correspondant par exemple à des offres de services. Des personnes âgées proposent des chambres à moindre tarif en échange de tâches ménagères. Pour moi, il s’agit de la même démarche avec le Kaps».

D’ailleurs, le partage est maître mot pour les kapseurs. Pour nombre d’entre eux, comme Lucie et Laure, il s’agissait même de la condition sine qua non à la vie parisienne.