Pourquoi je n’ai eu aucun succès sur les plateformes de jobbing
ma vie écoco Dans le cadre de son expérience 100% économie collaborative, notre rédactrice a tenté de trouver des petits boulots pendant un mois sur des sites de jobbing, en vain...
Dès le départ, cette expérience s’annonçait comme un échec… Deux jours après avoir proposé mes services de baby-sitting ou de soutien scolaire sur YoupiJob, Allo Voisins, BeeBoss ou encore Stootie, je recevais déjà une proposition qui sentait l’arnaque à plein nez. Passée cette première mauvaise expérience, j’ai quand même gardé espoir d’arrondir à mon tour mes fins de mois, à l’instar des 2.100 «jobeurs» actifs de YoupiJob, qui gagnent entre 250 et 300€ par mois grâce à leurs petits boulots. Mais après un mois de présence sur ces plateformes et plusieurs dizaines de réponses à des annonces, je n’ai toujours aucun emploi en vue. J’ai essayé de comprendre les raisons de cette absence de succès.
J’aurais plus de chance si j’étais bricoleuse
Le site Youpijob.fr compte 2.100 "jobbeurs" actifs. Crédit: capture d'écran Youpijob.fr
Quelle que soit la plateforme, toutes cartonnent pour les «coups de main» type petite plomberie, jardinage ou travaux d’électricité. Sur Youpijob.fr, créé en mars 2015, le bricolage a particulièrement la côte, contrairement à la garde d’enfants. «Les particuliers ont de gros besoins dans ce secteurs là, parce qu’un artisan ne va pas se déplacer pour changer le robinet d’une baignoire», explique Bertrand Tournier, fondateur du site. Le problème, c’est que je suis plus du genre à faire appel à un jobeur pour ce genre de travaux qu’à proposer mes compétences (inexistantes).
Christophe Charlot, journaliste belge auteur d’ UberizeMe, s’est proposé pendant un mois sur Listminut.be, la plateforme belge de référence pour les services entre particuliers. Résultat: il est parvenu à remplir 8 missions, toutes de l’ordre des petits travaux d’intérieur ou d’extérieur: jardinage, peinture, joints de carrelage… «Pour du baby-sitting, les gens sont certainement plus réticents à faire appel à des inconnus que pour travailler dans un jardin», remarque-t-il. Une analyse confirmée par Bertrand Tournier, cofondateur de YoupiJob.
La concurrence est rude
L'état de ma boîte mail depuis que je suis inscrite sur Youpijob.fr... Crédit: capture d'écran
Je passe la plupart de mon temps sur ce site qui jouit d’une offre de travail très abondante, en plus d’être fiable: les profils des prestataires sont tous vérifiés et approuvés par la plateforme, pour éviter les arnaques. Alors mieux vaut s’accrocher pour se faire sa place parmi les postulants. En moyenne, chaque boulot auquel je réponds a déjà reçu une dizaine d’offres, même si j’essaie d’être réactive. Et parmi celles-ci, des personnes bien notées, avec des commentaires élogieux de clients. Ce qui n’est pas mon cas puisque je n’ai pas encore travaillé! Il y a même des professionnels dans le lot, qui l’indiquent sur leur profils.
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La concurrence est rude, d’autant plus qu’un algorithme sélectionne les têtes de liste des candidatures. «Les évaluations positives d’autres clients ont une grande importance», souligne Bertrand Tournier, même s’il précise que ce n’est pas le seul critère pris en compte par l’algorithme. Cette dictature du commentaire a poussé Christophe Charlot à tricher un peu pour mener à bien son expérience pour le magazine belge Trends. «Au début, ma collègue a posté une fausse offre d’emploi à laquelle j’ai répondu pour qu’elle puisse ensuite me mettre une super évaluation. Je pense que ça m’a aidé parce qu’après, j’ai obtenu plusieurs travaux», indique-t-il.
S’armer de patience
Enfin, en plus d’être tenace, mieux vaut être patient pour avoir du succès sur les sites de jobbing. «Les jobeurs obtiennent leur premier client en moyenne un mois après leur inscription», précise Bertrand Tournier. Même avec Lulu dans ma rue, une jeune start-up qui n’existe pour l’instant qu’à Paris et compte dans ses rangs moins de 250 prestataires, il ne faut pas espérer obtenir une mission dans la foulée de l’inscription.
Dans le 4e arrondissement de Paris, ce kiosque accueille les gens du quartier qui ont besoin d'un coup de main, et ceux qui proposent leurs services. Crédit: N. Tronc
Après avoir assisté à une réunion sur le fonctionnement de l’entreprise, j’ai dû reprendre rendez-vous pour créer mon statut de micro-entrepreneur avec mon référent, puis être évaluée sur mes compétences en repassage en compagnie d’un autre prestataire déjà expérimenté! N’est pas « Lulu » qui veut. Toutes ces démarches prennent déjà plus de deux semaines. J’ai donc peu d’espoir de décrocher une mission d’ici la fin de mon expérience 100% collaborative. Il ne faut pas croire que parce qu’on peut créer son profil sur ses plateformes en quelques clics, le job va gentiment nous tomber dessus… La dure loi du travail, même derrière son écran!