Un jeu collaboratif favorise le bien-être au travail
maker faire Brique 24 a inventé une solution collaborative en entreprise pour favoriser la cohésion d’équipe...
Imaginez-vous en train d’empiler des Lego avec votre boss… Non, vous ne rêvez pas. La méthode de Damien Roquel, créateur de Brique 24, pourrait même changer durablement vos rapports avec vos collègues. Dans le brouhaha de la Maker Faire, qui se tenait à Paris du 9 au 11 juin, Damien présentait le «défi collaboratif», une construction géante tape-à-l’œil symbolisant la collaboration entre salariés. Son défi à lui: recréer du lien social et de la cohésion d’équipe au sein des entreprises.
Le déclic grâce aux enfants
Damien et Emmanuel présentent leur "défi collaboratif" à la Maker Faire de Paris. Crédit: A. Bertier/20 Minutes
Damien a créé l’entreprise Brique 24 il y a deux ans. Cet ancien technicien de l’industrie aéronautique a été confronté au manque de communication dans son entreprise pendant dix ans. «Tout le monde exécutait des tâches sans savoir à quoi cela servait vraiment. Résultat: les gens perdaient l’intérêt pour leur travail.» Il profite d’un congé parental pour enseigner les technologies aux enfants dans la Sarthe. «En les observant jouer, je me suis dit que la solution était là. Tous les enfants comprennent des choses compliquées grâce au jeu. Pourquoi pas les adultes?»
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Il lance alors toute une méthode de solutions collaboratives en entreprise, dont le «défi collaboratif». Les participants, qui souvent ne se connaissent pas, forment des binômes et assemblent des Lego. Les constructions sont ensuite reliées les unes aux autres pour former une grande réaction en chaîne et faire prendre conscience à chacun de son rôle dans l’entreprise.
«On a tous une âme d’enfant»
«Les gens sont toujours étonnés au début, mais finalement, ils jouent le jeu. Le Lego, ça parle à tout le monde. On a tous une âme d’enfant.» A ce jour, Damien et son associé sont intervenus dans une soixantaine d’entreprises, aussi bien des grands groupes (Carrefour, EDF, MMA…) que des PME. «Les sociétés qui font appel à nous veulent amorcer le changement, récupérer le sens de ce qu’elles font. On leur fait prendre conscience, à travers le jeu, que tout le monde est sur un pied d’égalité et a son rôle à jouer dans l’entreprise.»
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Le Lego est le principal outil de travail de Brique 24. Crédit: Brique 24
Annelise Morin, directrice de l’entreprise Plastigom dans la Sarthe, a récemment fait appel à Brique 24. Onze personnes travaillent à la chaîne dans cette manufacture de chaussures et chaussons. Annelise a compris que le bien-être de ses employés serait la clé pour maintenir Plastigom sur les rails.
«Je voulais faire émerger un plus grand esprit d’équipe, ressouder les liens entre mes collaborateurs et leur faire comprendre qu’ils ne sont pas seuls, qu’ils peuvent demander de l’aide si besoin.» La cohésion de groupe et le sentiment d’appartenance des salariés sont deux aspects sur lesquels la chef d’entreprise a l’habitude de travailler.
Récemment, Annelise a mis une boîte à idées à disposition des employés pour qu’ils redéfinissent le règlement intérieur de l’entreprise. Neuf personnes ont participé à l’élaboration de ce nouveau règlement. «C’est une manière d’introduire plus d’horizontalité et de gagner la confiance des salariés», explique Annelise.
Responsabiliser les salariés
Pascal Denis, salarié dans une entreprise de programmation informatique, a participé trois fois aux formations de Brique 24. Crédit: A.Bertier/20 Minutes
Selon Damien, les entreprises françaises ont encore de gros efforts à faire pour impliquer davantage leurs collaborateurs. «Les managers français sont formés par de vieux systèmes opaques qui ne responsabilisent pas assez les salariés. Mais ça change progressivement…»
Pascal Denis, développeur dans une entreprise de programmation informatique, a déjà participé à trois formations de Brique 24. «Chez nous, il y a 180 salariés, répartis sur 8 étages. Les gens ne se côtoient pas.» Le «défi collaboratif» a permis de décloisonner les services de l’entreprise et de créer du lien entre des salariés qui ne se connaissaient pas alors qu’ils travaillaient dans le même immeuble depuis plus de dix ans. «On voit le changement avec des choses simples mais qui ont leur importance. Maintenant, je croise les gens et il me disent "Bonjour Pascal!". Avant, ils n’avaient aucune idée de mon prénom.»
Imposer ou impliquer
Vincent, 7 ans, intrigué par la construction en Lego qui n'est pourtant pas destinée aux enfants mais aux salariés. Crédit: A.Bertier/20 Minutes
La méthode de Damien Roquel est apparemment source d’inspiration. L’année dernière, ce développeur web a été à l’initiative de la création d’un fablab dans son entreprise, où une imprimante 3D a été coconstruite par des volontaires en dix séances. «C’est devenu un espace où les salariés de différents services se retrouvent», explique Pascal. A ses côtés, Vincent, 7 ans, ne décroche pas son regard de la réaction en chaîne présentée par Brique 24. Tout comme son père, professeur en école primaire à Paris.
A la rentrée, il compte appliquer le défi collaboratif dans sa classe pour inciter les enfants à trouver des solutions, ensemble, et à forger leur esprit d’équipe. «A l’école, un professeur a le choix entre donner des cours magistraux ou challenger les élèves pour qu’ils soient actifs dans l’apprentissage. En entreprise, c’est pareil: le manager peut soit imposer les choses, soit impliquer ses salariés.» Qui a dit qu’il ne fallait plus jouer à l’âge adulte?