Le prélèvement automatique des organes, ce mythe

santé Pour un don d'organes, la situation de chaque défunt est étudiée au cas par cas avec les familles...

Christine Ludwig
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La course du coeur sensibilise chaque année le grand public au don d'organes.
La course du coeur sensibilise chaque année le grand public au don d'organes. — 20 minutes - Magazine

Depuis 1976, la loi concernant le don d’organes considère tous les Français comme des donneurs présumés consentants. Cependant, dans les hôpitaux, la réalité est toute autre. «Jamais personne n’a effectué de prélèvements sans l’assentiment de la famille», explique le docteur Jean-Marie Faroudja, président de la section éthique et déontologie de l’Ordre national des médecins.

Avant d’organiser un prélèvement, plusieurs étapes sont incontournables. «La première: vérifier que le défunt n’est pas inscrit sur le registre national du refus», explique le docteur Julien Charpentier, médecin-réanimateur et coordinateur de prélèvements d’organes à l’hôpital Cochin à Paris. C’est une banque de données systématiquement consultée par les professionnels de santé.

Rassurer les familles

Dans un deuxième temps, si la personne n’avait pas émis de choix, les médecins coordinateurs se tournent alors vers ses proches. «C’est une mission extrêmement difficile qui est confiée à des personnes d’une grande qualité humaine», souligne le docteur Jean-Marie Faroudja. Une discussion s’entame alors avec les familles en deuil.

«Le but n’est pas d’obtenir l’autorisation des proches. C’est de savoir ce que le défunt aurait souhaité faire», explique le docteur Julien Charpentier. Certains détails peuvent être des indices cruciaux. Les médecins coordinateurs essayent par exemple de savoir si la personne donnait régulièrement son sang ou si elle était engagée dans des actions bénévoles.

Bien informer les proches

C’est aussi l’occasion de clarifier beaucoup de tabous qui gravitent autour du don d’organe. Mal informés sur la procédure, les proches craignent souvent que le corps du défunt soit abîmé par le prélèvement. «En réalité, la procédure est similaire à une opération chirurgicale traditionnelle. Les corps sont toujours restaurés immédiatement après», précise Matin Solagne, infirmier coordinateur pour le don d’organe à l’hôpital Cochin.

Les proches disposent alors de toutes les informations nécessaires pour émettre leur avis. «Si la famille est frileuse, nous n’allons pas plus loin dans la démarche. Ce serait un traumatisme pour elle», conclut le docteur Julien Charpentier.

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